Ce qui peut être appelée l’affaire des déchets d’Agareb a sans doute été un cas de mauvaise gestion d’une crise qui pouvait arriver. Analyse.
Le chef de l’Etat a eu bien raison de recevoir, le 11 novembre 2021, des représentants de la société civile de la ville d’Agareb et de promettre notamment de trouver une solution à la question des déchets entreposés dans cette ville ; affaire qui a provoqué des manifestations de colère.
Cela ne peut que baisser la tension d’un cran et répondre positivement aux doléances des citoyens qui souhaitent vivre dans un environnement sain. Autant dire que cela n’est qu’à son honneur.
Dire ceci n’empêche pas cependant de s’interroger sur les tenants et les aboutissants d’un événement qui a tenu en haleine les Tunisiens pendant quelques jours au sujet d’une question qui ne manquera pas de prendre de l’importance : l’environnement dans nos cités et notamment l’exploitation des déchets. Une affaire qui réveille bien des mauvais souvenirs avec l’exportation, il y a quelques mois, des déchets italiens en Tunisie.
Des erreurs
Y a-t-il eu, à ce niveau, une mauvaise gestion d’une crise qui ne pouvait que surgir ? Cela peut porter à le croire tant des erreurs ont été commises ; du moins des précautions n’ont pas été prises afin d’éviter. Ce qui a provoqué sur les lieux quelquefois des empoignades !
D’autant plus que le problème ne date pas d’aujourd’hui : certaines communes sont d depuis 2011 –et même bien avant- exposées au phénomène de la salubrité et de la pollution.
Il s’agit manifestement, à ce stade, d’un retard dans l’exécution de programmes. Il faut reconnaître que cela fait quelques jours que la collecte des ordures a fait défaut dans un gouvernorat (Sfax) qui souffre le martyr depuis des décennies d’une pollution ravageuse, d’essence, entre autres, industrielle.
Et comment a été trouvée la solution ? Par un recours au ministère de l’intérieur, invité le 8 novembre 2021, à « trouver une solution immédiate à la crise » ! En se demandant si celle-ci ne pouvait pas passer nécessairement par un maintien de l’ordre. En se demandant également pourquoi cette mission de maintien de l’ordre est critiquée par des pans entiers de la société civile lorsqu’elle est exécutée ? Faut-il laisser les dérapages, comme les incendies ou les coupures de routes, avoir lieu sans que la police intervienne ? La loi ne sert-elle pas encore à punir cette dernière s’il lui arrivait de fauter ?
Quoi qu’il en soit, n’était-il pas possible pour que des solutions soient trouvées en amont par les autorités locale régionale et ne pas laisser la situation traîner jusqu’à empirer et exiger une réaction du pouvoir central ?
Les pêcheurs en eau trouble
Ne fallait-il pas, dans le même ordre d’idées, que les autorités régionales réagissent à temps afin que les choses ne s’enveniment ? N’y avait-il moyen, pour être clair, de prendre attache avec les représentants de la population et des structures locales et régionales pour très vite agir au mieux. L’absence d’un gouverneur à Sfax n’a-t-elle pas été pour quelque chose dans cette molle réaction des autorités locale et régionale ?
Il y avait manifestement, dans ce cas, un déficit de communication qui est loin d’être en relation avec ce seul événement. La communication étant sans nul doute un outil efficace de gouvernance. Un outil qui a chez nous souvent fait défaut dans la gestion des affaires publiques !
Fallait-il encore s’étonner que des parties saisissent, comme on dit, la balle au bond, pour jeter de l’huile sur le feu et pour l’instrumentaliser ? Il est là aussi incontestable que les pêcheurs en eau trouble n’attendaient que cette occasion !
Un proverbe chinois dit que « Le malheur n’entre jamais que par la porte qu’on lui a ouverte ».