« L’infrastructure militaire de l’Alliance atlantique se rapproche des frontières de la Russie. En Roumanie et en Pologne, des systèmes de défense antimissile qui peuvent être utilisés comme des systèmes d’attaque ont été déployés. Des missiles américains à moyenne portée sont sur le point d’apparaître sur le territoire européen. Le scénario cauchemardesque de la confrontation militaire que notre continent a connu après la crise des euromissiles revient. »
Cette description du développement inquiétant que connaissent les relations entre la Russie et l’Occident a été faite le 2 décembre par le ministre russe des A.E. Serguei Lavrov. Et ce, lors de la réunion de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), à Stockholm.
Les Russes ont raison de s’inquiéter quand ils voient des blindés américains défiler en Estonie, à 300 mètres (et non 300 kilomètres) de leurs frontières. Ils ont raison de s’inquiéter aussi quand ils voient les provocations américaines incessantes au sujet de l’Ukraine. De même, ils ont raison de s’inquiéter quand ils entendent les propos arrogants du président Joseph Biden. Celui-ci se déclarant « prêt à intervenir militairement pour soutenir le gouvernement ukrainien ».
Il y a trente ans, quand l’Union soviétique s’est effondrée, la Russie avait la main tendue vers l’Occident et n’avait qu’un désir: faire partie de l’Europe et inaugurer une ère de paix et de coopération. Non seulement sa main tendue fut ignorée, mais les Etats-Unis ont tout fait pour briser leur économie. En aidant les vautours à s’emparer des sociétés d’Etat, des usines et des propriétés publiques.
Barrage face aux visées hostiles de Washington
Après avoir touché le fond, la Russie s’est remise sur pied, grâce notamment au président Vladimir Poutine, un homme patriote et compétent. C’est parce que ce président s’est dressé comme un barrage face aux visées hostiles de Washington, qu’il est qualifié de tous les noms par les responsables des différentes administrations américaines. C’est ainsi que Poutine est « un nouvel Hitler » pour Hillary Clinton et « un tueur » pour Joseph Biden.
Ce dernier, dont le fils s’est débrouillé un boulot à 50.000 dollars par mois dans une grande compagnie ukrainienne, se dit aujourd’hui prêt à risquer une guerre en volant au secours des dirigeants ukrainiens. Ceux-là même que Washington a aidés en 2014 à se hisser au pouvoir. Après le coup d’état initié, financé et fomenté par l’administration de Barack Obama contre le gouvernement légitime, considéré comme « pro-russe ».
L’Otan, elle aussi n’est pas en reste. Deux ans après que le président Macron a déclaré sa « mort cérébrale », l’Alliance militaire occidentale s’est jointe aux responsables américains dans l’orchestration de la campagne antirusse. Son secrétaire général, Jens Soltenberg, « a mis en garde la Russie contre les éventuelles conséquences de ses actes en Ukraine. »
Les promesses américaines n’engagent que ceux qui y croient
Il y a trente ans, les Américains avaient promis que, une fois l’Allemagne réunie, « l’Otan n’avancera pas d’un iota en direction de l’Europe de l’Est. » Mais, comme tout le monde sait, les promesses américaines n’engagent que ceux qui y croient. Du 12 mars 1999 au 27 mars 2020, pas moins de 14 pays de l’Est ont rejoint l’Otan. Dont la Pologne et trois anciennes républiques soviétiques l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie.
La Russie n’a rien pu faire pour empêcher une telle adhésion massive des anciens membres du Pacte de Varsovie. Toutefois, le président Poutine a tracé « une ligne rouge » concernant l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine. Réponse du président américain : « Les Etats-Unis ne reconnaissent aucune ligne rouge ».
Des relations plus tendues que jamais
Il est peu probable que le sommet virtuel par visioconférence entre les présidents russe et américain qui se tient ce mardi 7 décembre puisse combler un tant soit peu l’immense fossé qui sépare Moscou et Washington. D’ailleurs, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré le lundi 6 décembre qu’ « il est difficile de s’attendre à une percée de ces négociations ». En estimant qu’il difficile de mettre de l’ordre dans « les écuries d’Augias » des relations bilatérales « en quelques heures ».
En effet, les positions sont si éloignées qu’il n’y a pratiquement aucune chance que les deux présidents se laissent convaincre l’un par l’autre. D’autant que la CIA a déjà rendu public un rapport (info ou intox?) selon lequel « la Russie a massé 100.000 hommes sur la frontière avec l’Ukraine qu’elle se prépare à envahir en janvier prochain ». Il n’en faut pas plus pour que le président ukrainien Volodymyr Zelensky supplie l’Otan d’envoyer ses troupes en Ukraine pour la protéger contre « les agresseurs russes ».
Depuis l’effondrement de l’Union soviétique il y a un tiers de siècle, jamais la tension entre Moscou et Washington n’a été aussi aigue. Depuis son retrait du bloc soviétique en août 1991, l’Ukraine a vécu en bon voisinage avec la Russie. Et ce, jusqu’en février 2014, date du coup d’état supervisé par l’administration Obama. Il n’est donc pas difficile de deviner qui est responsable du « scénario cauchemardesque de la confrontation » qui caractérise désormais les relations russo-américaines et dont parlait Serguei Lavrov, le 2 décembre à Stockholm.