Le président de la Haica, Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle, Nouri Lajmi a affirmé, lundi, que son instance œuvre depuis sa création en 2013 à garantir la neutralité des médias. Ainsi qu’à les maintenir à l’écart de toute instrumentalisation politique.
De ce fait, le président de la Haica, Nouri Lajmi souligne l’existence de lacunes au niveau du cadre législatif organisant les institutions médiatiques. Tout en faisant remarquer que le secteur est toujours soumis aux décrets de 2011.
Il s’exprimait dans le cadre de la réunion préparatoire de la conférence nationale sur les politiques publiques dans le secteur des médias.
Il a, en outre, indiqué que la crise économique menace la pérennité de plusieurs institutions médiatiques. Tout en précisant que cette réunion permettra d’examiner les moyens susceptibles d’y remédier. Et la possibilité de mettre en place un système de formation approprié et profitable à toute la scène audiovisuelle.
En parlant de la scène médiatique
Plusieurs acteurs de la scène médiatique et des structures représentatives telles que le Syndicat des journalistes tunisiens, la Fédération générale de l’information et le Conseil de la presse participaient à la réunion.
Yassine Jelassi, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) indiquait pour sa part que cette réunion préparatoire intervient dans un contexte politique « caractérisé par la violation du droit d’accès à l’information ». Lequel contexte « menace gravement la liberté de presse et d’expression. »
Il a déclaré que « le rapport de l’Etat avec les médias n’est pas basé sur une vision claire ou une approche consultative ». Ajoutant que depuis 2011, les gouvernement successifs n’ont pas adopté de politique sérieuse à l’égard de la presse. Mais ont au contraire entravé toutes les possibilités de réforme. Et ce, en retirant les projets de loi proposés par les professionnels du secteur pour les remplacer par des propositions des partis politiques.
« Il s’agit là d’un exemple de tentatives d’asservissement de la presse et de domination des médias exercées au cours de la décennie écoulée », a-t-il lancé.
Parmi les failles dans les rapports de l’Etat avec la presse figure également la question de la publicité publique. En effet, elle demeure soumise au clientélisme et à l’anarchie, a-t-il dit. Appelant dans le même sens à l’institutionnalisation des sociétés de sondage d’opinion. Et ce, pour assurer justice et équité à tous les organes médiatiques.
M. Jelassi a, par ailleurs, souligné la nécessité d’une vision claire pour la presse écrite qui doit prévoir un passage au numérique pour s’adapter à son temps et assurer sa pérennité dans ce contexte complexe et imbriqué.
Etidel Mejbri, présidente du Conseil de la presse, a pour sa part relevé le retard des réformes dans le secteur des médias. Notamment en matière de gouvernance et d’équilibre entre liberté d’expression et pérennité de l’institution qui est soumise à la loi du marché.
Elle a, en outre, indiqué que le chevauchement entre les médias traditionnels et les nouveaux médias a créé des défis qui doivent être étudiés en profondeur.
De son côté, Hédi Tarchouni, Secrétaire général adjoint de la Fédération générale de l’Information (UGTT) a affirmé que la Fédération a élaboré un document pour la réforme des médias qui prévoit des objectifs à court et à long terme. Tout en soulignant la nécessité de trouver des financements publics pour les médias qui connaissent des difficultés financières et sont menacés de faillite.
Il a, par ailleurs, rappelé le combat des professionnels du secteur qui ont barré la route aux multiples tentatives de parties politiques qui ont voulu mettre la main sur le secteur.
Avec TAP