En attendant que l’information soit confirmée par la version finale de la Loi de Finances 2022, un nouveau droit de timbre 0,300 TND serait appliqué à tout ticket de caisse dans les grandes surfaces et dont le montant dépasse 50 TND.
En pourcentage, il reste faible puisqu’il représenterait au maximum 0,6% de la valeur du ticket. Néanmoins, il a été mal accueilli par les consommateurs qui commencent déjà à mettre en place les stratégies pour y échapper, à commencer par multiplier les passages en caisse pour une seule course !
Solution facile
Côté administration, cibler la grande distribution est un moyen facile pour récupérer mensuellement de l’argent. Nous n’avons pas de chiffres exacts sur les revenus consolidés des enseignes, mais le croisement des données disponibles nous donne des ventes hors taxes aux alentours de 3 milliards de dinars et une part de marché du commerce de détail qui ne dépasse pas 25% dans le meilleur des cas.
Quel serait le rendement de ce droit de timbre ? Supposons que 20 millions de tickets de caisse sont supérieurs à 50 TND, la recette serait de… 6 MTND seulement ! C’est donc très faible pour une taxe qui enracine l’idée d’un Etat qui grignote dans les poches des citoyens.
Mauvaise appréciation
La réalité, c’est que toute nouvelle imposition est vue de cette façon. Les Tunisiens refusent de contribuer au sauvetage des finances publiques. Au-delà du patriotisme qui ne se manifeste que lors des événements sportifs, ceux qui sont prêts à faire vraiment des concessions sont une minorité. Nous devons l’admettre. Au cours de la dernière décennie, une seule conviction s’est répandue : les grandes familles et les hommes d’affaires ont tout spolié et n’ont laissé au peuple que des miettes. C’est donc à eux de réparer leurs erreurs et de payer les pots cassés. Cette fois, cet avis est soutenu par l’approche présidentielle de réconciliation pénale.
Solidarité obligatoire
Ainsi, la notion de solidarité nationale en ces moments difficiles est à oublier. Au lieu de dévoiler la situation réelle des finances publiques, il vaut mieux penser à faire comprendre aux Tunisiens que leur pays est à revenu moyen et se rapproche de la pauvreté. Le peu de valeur que nous créons provient des ressources humaines et de l’exportation qui dépend de la demande de l’Union européenne.
Cette idée sous-jacente au refus d’aider l’Etat est la même qui a détruit l’économie nationale depuis 2011. Le pays a connu des dizaines de milliers de grèves et la productivité a chuté, contribuant à l’appauvrissement massif de la population.
Pour lutter contre de telles certitudes, il faut probablement toute une génération. Entre-temps, il faut commencer par une répartition équitable des efforts, selon les revenus, pour rééquilibrer les finances publiques. En contrepartie, l’Etat est appelé à améliorer davantage ses services car c’est le seul moyen de convaincre les citoyens de l’utilité de tels actes.