Le secteur du transport, qui pèse en moyenne 5% du PIB, souffre. Ce service est essentiellement assuré par des entreprises publiques. Lesquelles agonisent et font perdre au pays de précieux points de pourcentage. Il suffit d’imaginer l’impact positif d’une compagnie nationale aérienne qui dessert toutes les destinations. Et d’une compagnie de fret maritime et de ports capables de gérer une activité à flux tendu. C’est même un argument pour attirer l’investissement étranger.
Mais le secteur englobe aussi les sociétés régionales qui luttent quotidiennement pour survivre. La semaine dernière, la Société Régionale de Transport du Gouvernorat de Nabeul a publié les procès-verbaux de ses deux Assemblées Générale, Ordinaire et Extraordinaire, tenues au mois d’octobre 2021. Ces deux réunions ont statué sur les états financiers de l’année 2019.
Les pertes des sociétés régionales
Ainsi, la société accumule les pertes qui ont atteint -70,751 MTND. Sans compter les modifications comptables qui s’élèvent à -10,502 MTND. L’année 2019 s’est achevée, à elle seule, sur une note négative de -16,345 MTND.
Pourtant, elle a enregistré des revenus de 52,536 MTND, dont 21,744 MTND de subventions d’exploitation. Cette subvention ne peut même pas couvrir les charges opérationnelles qui s’élèvent à 65,654 MTND. Les frais du personnel sont de l’ordre de 37,995 MTND. Ce qui a conduit la société à enregistrer un résultat négatif de -26,504 MTND. Y compris -10,159 MTND de modifications comptables.
Ainsi, les fonds propres ne respectent plus les conditions de l’article 388 du Code des sociétés commerciales. Et ils sont désormais inférieurs à la moitié de son capital social. Les actionnaires ont autorisé la société à continuer l’exploitation.
La même situation critique est observée dans le cas de la Société de Transport du Sahel qui a affiché des pertes de -18,555 MTND pour 2019. Ses fonds propres sont de -38,333 MTND. Ses revenus d’exploitation 2019 sont de 76,752 MTND, dont 46,022 MTND de subventions d’exploitation. Les charges opérationnelles sont de 91,917 MTND; y compris 46,514 MTND de charges de personnel.
Une recapitalisation urgente
La recapitalisation de toutes ces sociétés urge. A terme, elles seraient incapables de payer leurs personnels. Il faut qu’elles entreprennent un nouveau cycle d’investissement et des plans sociaux pour redémarrer. Sinon, il vaut mieux limiter les dégâts, se retirer et laisser le champ au secteur privé.
Les pistes de développement sont disponibles. La demande sur le service transport des personnes est sur une courbe croissante. Ce qui manque c’est la qualité de l’offre. L’expérience des sociétés privées a montré que le consommateur accepte de payer un ticket de bus quatre fois plus cher que celui d’une entreprise publique. En contrepartie, il y a une ponctualité et un minimum de confort. Avec le nombre de lignes desservies, il faut des investissements massifs en matériel roulant pour attirer cette clientèle. La majorité des Tunisiens préfèrerait utiliser les transports en commun pour aller travailler s’ils trouvaient le bon service.
Quant au financement de tels programmes, les institutions financières internationales peuvent le faire si les plans proposés s’inscrivent dans le cadre de l’économie verte et la réduction des émissions de carbone. Concrètement, c’est l’unique solution pour sauver une activité clé pour l’économie. L’Etat, qui paie actuellement des subventions de l’ordre de 500 MTND sous formes de subventions d’exploitation aux entreprises de transport publiques, pourra économiser beaucoup plus s’il change de cap vers le transport intelligent et propre.