La question du changement de modèle de développement est devenue, après 2011, la « chanson préférée » du répertoire des populistes. Un « deus ex machina » pour résoudre tous les problèmes de la Tunisie. Certes, la Tunisie a besoin d’un nouveau modèle.
L’essoufflement du modèle actuel n’est un secret pour personne. Mais rappelons-nous qu’un nouveau modèle de développement ne peut fleurir dans une économie, marquée par un dérapage chronique dans les finances publiques, menacée de défaut, d’insoutenabilité de la dette, de stress hydrique…
Le nouveau modèle de développement ne peut pas atterrir dans un contexte juridique miné par l’impunité et la corruption, ni dans un contexte politique marqué par le déficit de vision et la montée du populisme. Ainsi, un certain nombre de préalables restent incontournables pour démarrer la machine de la transition vers un nouveau modèle de développement.
Assainir les finances publiques
Rompre avec le laxisme budgétaire et la mauvaise gouvernance dans l’administration et les entreprises publiques. Une condition primordiale, le plus souvent éludée par les adeptes de l’approche populiste du changement de modèle de développement, car elle impose le recours à des mesures d’austérité.
Un sujet tabou pour les populistes de tous bords. L’assainissement des finances publiques permettra de dégager de l’espace budgétaire pour financer les politiques publiques, car les réformes en profondeur exigent une certaine aisance financière.
Renouer avec la planification stratégique
Rompre avec la « dictature de l’immédiat » et l’approche purement comptable de l’équilibre budgétaire qui en résulte, pour renouer avec une planification stratégique et des politiques publiques (industrie, agriculture, formation, recherche scientifique, transition digitale, transition écologique…) à la fois audacieuses et innovantes.
Gagner la bataille de la productivité et de la compétitivité
Rompre avec la culture du blocage des sites de production, des revendications salariales démesurées et de l’absentéisme, pour s’inscrire rapidement dans la transition digitale, la rénovation des dispositifs réglementaires, la discipline au travail, l’innovation… Bref, le modèle de développement ne se décrète pas, il se construit !