Réputé pour être annonceur de bonnes nouvelles chaque fois que le pays est en panne, l’enfant du pays, Férid Belhaj, vice-président du groupe de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), vient de séjourner à Tunis et de rassurer le gouvernement Najla Bouden de l’appui multiforme de l’institution de Bretton Woods.
Concrètement, Férid Belhaj a annoncé quatre financements : un crédit additionnel dédié au volet social, un appui aux PME impactées par la Covid-19, un financement pour les vaccins et équipements d’urgence et un 4ème financement destiné à une opération privée. Dans cet entretien, il est revenu sur les réformes structurelles à entreprendre en toute urgence. Extraits.
Si Férid, on aimerait vous voir plus souvent à Tunis. Vous êtes toujours porteur de bonnes nouvelles. Qu’en est-il au juste ?
Férid Belhaj: Au cours de mes entretiens avec les responsables tunisiens, j’ai annoncé que la Banque mondiale (BM) était disposée à accompagner la Tunisie dans l’exécution de son programme de réformes et à poursuivre la mise en œuvre des projets de coopération en cours. Parmi ces projets, figurent le programme de protection sociale et le programme d’appui aux petites et moyennes entreprises (PME). Pour le volet social, la Banque mondiale a décidé de mobiliser un financement de 400 millions de dollars, soit près de 1152,5 MDT. Et comme je l’ai déjà dit, la BM accordera d’autres financements pour soutenir les PME, acquérir des vaccins et fournir le soutien sanitaire nécessaire au pays.
Concrètement, que proposez-vous pour encourager l’Etat et son administration à se transformer ?
Si j’ai une recommandation à faire, c’est de procéder à un audit de toutes les lois économiques. Un cabinet d’avocats peut le faire. Je suis convaincu qu’il y a des choses qu’on peut faire rapidement et qui ne coûtent rien, pour dégraisser l’Etat.
Malheureusement, de nos jours, il faut montrer chaque fois patte blanche. Et là, ça pose, sérieusement, problème.
Encore une fois, et je ne le répèterai jamais assez, il y a des réformes qui n’ont pas besoin d’être coûteuses. Au contraire, quand le gouvernement initie une réforme qui lève les interdictions, supprime les autorisations, les investisseurs qui veulent s’engager dans le pays l’apprécieront, à coup sûr, avec comme corollaire : sur le court et le moyen terme, ils vont payer leurs impôts et créer des emplois.
L’obstacle, ce sont ceux qui monnayent les autorisations. C’est ça le problème dans l’administration. Et ajoutez à cela le nombre de formulaires, de questionnaires…
Succinctement, quelle serait la feuille de route idéale pour relancer l’économie du pays ?
Ce qu’il faut faire, je l’ai déjà dit plus haut. En amont, il faut auditer toutes les lois et réglementations économiques et financières. On procède au tri, on élimine tout ce qui est superflu et inutile et on garde ce dont on a besoin, tout en veillant à l’améliorer, s’il le faut. L’ultime objectif est de redonner confiance et de réunir les facteurs d’attractivité pour attirer les investisseurs.
Je reconnais qu’il s’agit d’un travail de titan quand on est face à un pays qui ne brille pas par sa propreté, à une administration lourde, lente, avec des verrouillages et des blocages partout. D’où l’enjeu d’emprunter le chemin des réformes dont on parle depuis des années et qu’aucun gouvernement, jusqu’ici, n’a eu le courage de mettre en œuvre et de faire aboutir.
Propos recueillis par Hédi Mechri et Khémaies Krimi