L’Union européenne renforce encore ses mesures contre la Russie. Et ce, juste avant que le conflit ukrainien n’atteigne moins de 20 kilomètres de ses frontières.
Dans la nuit de samedi à dimanche, la Russie a frappé le Centre international pour le maintien de la paix et la sécurité (Ipsc) avec huit missiles, à Yavoriv, près de la frontière avec la Pologne. C’est une base à seulement 30 kilomètres de Lviv, créée en 2007 pour entraîner les forces ukrainiennes armées. Pour la première fois, cette guerre est arrivée aux portes de l’Union.
De son côté, l’Europe a décidé d’augmenter la pression économique contre le Kremlin. Il y a déjà trois paquets de sanctions activés contre Moscou. Mais ce n’est pas suffisant, même si les restrictions ont durement touché l’économie russe. En effet, le rouble a chuté. Tandis que de nombreuses grandes banques russes sont coupées du système bancaire international. D’ailleurs, les entreprises quittent le pays les unes après les autres. Parce qu’elles ne veulent pas que leurs marques soient associées au régime de Poutine. Mais c’est encore trop peu selon l’UE.
Pour cette raison, Bruxelles a obtenu des 27 pays membres d’approuver un quatrième paquet de sanctions contre la Russie. Et ce, après avoir entamé le décaissement de la première tranche d’aide financière. Voyons ce que cela donne en détail.
Que prévoit le quatrième paquet de sanctions de l’UE?
Tout d’abord, la Russie se voit désormais refuser le statut de nation la plus favorisée sur les marchés de l’UE. Ce qui annulera des avantages importants dont bénéficie la Russie en tant que membre de l’Organisation mondiale du commerce. En effet, les entreprises russes ne bénéficieront donc plus d’un traitement privilégié dans les économies européennes.
L’UE s’emploie également déjà à suspendre les droits d’adhésion de la Russie aux principales institutions financières multilatérales. Notamment le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.
Il s’agit de s’assurer que la Russie ne peut pas obtenir plus de financements, de prêts ou d’autres avantages de ces institutions. « Parce que la Russie ne peut pas violer grossièrement le droit international et, en même temps, s’attendre à bénéficier des privilèges de faire partie de l’ordre économique international ». Ainsi tonne Von der Leyen.
Deuxièmement, l’UE continuera à faire pression sur les élites russes proches de Poutine, leurs familles et leurs facilitateurs. C’est pourquoi les ministres des Finances, de la Justice et de l’Intérieur du G7 se réuniront la semaine prochaine. Objectif: coordonner la task force mise en place contre les « amis » de Poutine. Sachant que c’est là qu’ils s’enfuient, en attendant, et mettent à l’abri leurs avoirs.
« Les entreprises russes ne bénéficieront donc plus d’un traitement privilégié dans les économies européennes »
Troisièmement, toutes les tentatives contre l’État russe et ses élites d’utiliser des crypto-monnaies pour contourner les sanctions sont bloquées. « Nous empêcherons le groupe proche de Poutine et les architectes de sa guerre d’utiliser ces actifs pour croître et transférer leur richesse. »
Quatrièmement, l’exportation de tout produit de luxe de l’UE depuis les pays de l’UE vers la Russie est interdite, car elle touche directement l’élite russe. « Ceux qui soutiennent la machine de guerre de Poutine ne devraient plus pouvoir profiter de leur train de vie somptueux. Alors que des bombes tombent sur des innocents en Ukraine », attaque le président de la Commission européenne.
Cinquièmement, l’importation de produits sidérurgiques clés en provenance de Russie est interdite. Cette décision a bien sûr pour objectif de toucher un secteur central du système russe: elle le privera de milliards de recettes d’exportation et garantira que les citoyens européens ne subventionnent pas indirectement la guerre de Poutine.
Enfin, l’interdiction des nouveaux investissements européens dans le secteur énergétique russe a été prise. L’Europe veut mettre fin à sa dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou. Cette interdiction affectera tous les investissements, transferts de technologie, services financiers, etc., pour l’exploration et la production d’énergie, et ainsi « aura un grand impact sur Poutine ».
La Turquie ne se joindra pas aux sanctions occidentales contre la Russie
La Turquie ne se joindra pas aux sanctions des pays occidentaux contre la Russie, destinées à condamner l’invasion de l’Ukraine. Cela a été annoncé hier par le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, à l’occasion d’un forum diplomatique à Antalya, en Turquie. « Nous pensons que les sanctions ne résoudront pas le problème », déclarait le ministre Cavusoglu.
Par ailleurs, le ministre turc des Affaires étrangères rapportait que la Turquie avait demandé l’aide de Sergueï Lavrov, son équivalent russe, pour pouvoir évacuer les citoyens piégés dans la ville de Marioupol, dans le sud de l’Ukraine, assiégée par les Russes.
Pendant ce temps, l’Ukraine travaille avec Israël et la Turquie, en tant que pays médiateurs. Et ce, pour définir le lieu et le cadre des négociations de paix avec la Russie, déclarait le conseiller présidentiel ukrainien et négociateur en chef, Mykhailo Podolyak.