Le Salon de la création artisanale au Parc des expositions du Kram a ouvert ses portes le 18 mars 2022 pour accueillir ses visiteurs et les artisans pour sa 38ème édition. Cette occasion a offert l’opportunité à plus de 1000 professionnels du secteur de l’artisanat d’exposer et de commercialiser leurs produits. Cependant, cet événement ne cache pas les maux auxquels ils sont confrontés.
Ce Salon est devenu, au fil des années, le rendez-vous annuel incontournable des artisans et du secteur de l’artisanat en Tunisie. Quels sont les problèmes auxquels les artisans sont confrontés? Pour répondre à cette question, leconomistemaghrébin.com a interrogé des artisans participants à ce salon. Reportage.
Coût élevé et pouvoirs d’achat en baisse
Imed Zayoud de Djerba crée, depuis 20 ans des tableaux en mosaïque. Il a indiqué à leconomistemaghrebin.com que le problème essentiel est la baisse des ventes au niveau des différents articles. Pour M. Zayoud, ce salon est une opportunité pour exposer ses œuvres. Cependant, il considère que la crise économique a impacté le pouvoir d’achat des Tunisiens. Pour preuve, M. Zayoud n’a vendu aucun tableau durant les premiers jours de cette édition du salon.
Il a aussi estimé que le prix à la location d’un stand est élevé. « Le prix à la location de stand est d’environ 1800 dinars. Pourquoi, l’administration du parc des expositions du Kram ne diminue pas le prix? », s’interroge-t-il. En soulignant qu’il y a des artisans qui ont annulé déjà leur participation au salon à cause des prix à la location.
Ce problème n’est pas spécifique à Imed. En effet, Najoua Fadhlaoui possède une expérience de 35 ans dans le domaine des tapis et mergoums. Elle participe à la foire de l’artisanat depuis 2007. Mme Fadhlaoui indique donc que le secteur du textile est aujourd’hui considéré comme un secteur fragile.
Malgré l’importante opportunité que revêt pour elle ce salon,, Najoua Fadhlaoui souligne que le déplacement pour participer à cette foire coûte cher. Notamment pour les artisans installés au gouvernorat du Kef qui se trouvent dans l’obligation de louer un appartement ou de réserver une chambre d’hôtel. Soit une charge supplémentaire qui s’ajoute aux frais d’un stand pendant dix jours.
A cet égard, elle propose de fixer le prix de la location d’un stand selon l’activité et les capacités financières des artisans qui n’ont pas la même taille qu’une entreprise.
Organiser d’autres salons
De son côté, Dhouha Khammesi crée depuis quatre ans des objets en béton pour la décoration. Elle considère que la présentation de ses créations nécessite l’organisation de plusieurs salons et foires. « Un seul rendez-vous annuel ne suffit pas », dit-elle.
« Contrairement à la vente en ligne ou aussi sur les réseaux sociaux, la présentation directe des produits permet aux clients de mieux connaitre un produit artisanal, un indicateur décisif avant la décision d’acheter », a-t-elle ajouté. Elle a également appelé l’Etat à aider davantage les artisans. Dhouha Khammesi a reconnu l’impact négatif de la crise sanitaire sur son activité.
Hausse des prix des matières premières et des frais à l’export
Sana Swaiti, une jeune femme de Gabès, a lancé en 2016 son projet de création d’articles d’artisanat en fibres végétales. Elle crée plusieurs articles comme les tapis, les sacs et les paniers.
Selon Sana Swaiti, les frais fixés à l’export d’un produit sont parfois plus élevés que le prix du produit lui-même. Ce qui empêche plusieurs clients d’acheter. Pour ce salon, Sana Swaiti a estimé que le nombre des visiteurs est encore faible. Elle a appelé à organiser d’autres salons durant l’année.
Pour sa part, Adel Ben Jemaa, un artisan de tissu depuis 35 ans, a indiqué que les coûts à la production ont nettement augmenté ces derniers mois. Notamment avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. « Les consommateurs et clients n’ont pas encore une idée claire sur la situation du secteur de l’artisanat », dit-il.
Pour une meilleure organisation et diversification
Adel Ben Jemaa a également critiqué l’organisation des stands dans cette foire. « Pour éviter une concurrence directe, il ne faut pas, à mon avis, rassembler les exposants d’une même activité dans un même rayon. Je propose de diversifier les stands par différentes filières d’artisanat. J’appelle aussi à la prolongation de la période du salon », estime Adel Ben Jemaa. Idem pour Najoua Fadhlaoui qui a appelé à mieux organiser les stands.
Le secteur de l’artisanat est un secteur fragile. En effet, les petits projets nécessitent un soutien de l’Etat. De même qu’une organisation de plusieurs salons qui leur permettra de ventre leurs produits et de dynamiser l’économie. C’est vrai qu’il existe des maux affectant le secteur. Cependant, il faut que tous les responsables s’associent pour trouver des solutions pour améliorer la situation des artisans.