On se demande si le conflit russo-ukrainien aura un impact sur la Tunisie? Il est clair cependant que cette crise fait peser des risques importants sur la sécurité d’approvisionnement énergétique et alimentaire du pays.
Fanny Labarthe, Cheffe du service économique régional de l’ambassade de France à Tunis, vient de publier une lettre économique de Tunisie. Elle met l’accent les inquiétudes déjà vives sur la soutenabilité budgétaire de l’Etat. Ainsi que sur sa capacité à maintenir son système de compensation des prix.
Ainsi, selon les données, la crise russo-ukrainienne représente un risque majeur pour la sécurité alimentaire et énergétique de la Tunisie. En effet, la Russie et l’Ukraine sont respectivement les 9ème et 11ème fournisseurs de la Tunisie. Et ce, avec des importations qui représentent environ 500 M USD de Russie et 450 M USD d’Ukraine. Ce qui correspond à 4% des importations totales tunisiennes. Alors que les exportations tunisiennes vers ces pays sont marginales (environ 35 M USD).
La Tunisie dégage un déficit cumulé
De ce fait, la Tunisie dégage un déficit cumulé avec les deux pays de près d’1 Md USD. Soit près d’un cinquième de son déficit commercial.
Par ailleurs, le maintien d’un baril durablement supérieur à 110 USD pourrait engendrer un surcoût supérieur à 5 Md TND (1,5 Md EUR) des dépenses de compensation des carburants. Sachant que la loi de finances 2022 a budgété à 2,9 Md TND; avec l’hypothèse d’un baril à 75 USD et un taux de change à 2,9 TND/USD. Par conséquent, toute augmentation du prix du baril de pétrole de 1 USD engendrerait un surcoût de compensation de l’ordre de 140 MTND à la Tunisie. De plus, toute hausse de 10% du taux de change du dollar occasionne un surcoût de 40 M TND.
Enfin, en 2021, la hausse non anticipée du cours du baril avait déjà provoqué un réajustement de près de 3 Md TND. Mais ces 3,7 Md TND affectés à la compensation des denrées de base ne suffiront pas face à la hausse des prix des céréales. Car cette dotation devait servir autant à financer la compensation en 2022 qu’à apurer les arriérés de paiement (2 Md TND) qui s’accumuleraient auprès de l’Office des céréales.