Beaucoup de Français sont furieux contre « les nains », responsables du « remake » présidentiel de 2017. En effet, celui-ci va mettre le 24 avril prochain face à face, pour la deuxième fois au second tour de l’élection présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
« Les nains » ? Ce sont: l’écologiste Yannick Jadot qui a recueilli 4,63% des voix; le communiste Fabien Roussel (2,28%); et la socialiste Anne Hidalgo (1,75%). A eux trois, ils obtiennent 8,66%. Ils ont refusé de se retirer, quand il était temps, au profit du candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier a raté de très près son passage au 2ème tour de la présidentielle (22% des voix contre 23,1 pour Marine Le Pen). L’auraient-ils fait, Mélenchon aurait sans doute été au second tour face à Macron. Et la France aurait fait l’économie d’une répétition à la fois périlleuse et fastidieuse du deuxième tour de 2017.
La plus furieuse est Ségolène Royal, ancienne candidate à la présidentielle de 2007 face à Nicolas Sarkozy. C’est elle qui a qualifié de « nains » le trio de gauche Jadot-Roussel-Hidalgo. « Jean-Luc Mélenchon a fait honneur à la belle politique par sa campagne et son discours. Jadot, Roussel, Hidalgo, en dessous des 5% appellent à faire barrage à Marine Le Pen. Ils pouvaient le faire par l’union en se retirant ». Ainsi a regretté Ségolène Royal sur Twitter. Avant d’enfoncer le clou: « Honte à eux, à leur égo. ‘Des nains’ aurait dit François Mitterrand. »
Vote utile insuffisant
Pourtant, le chef de La France insoumise a bénéficié du vote utile. Mais ce n’était pas suffisant pour qu’il supplante la candidate de l’extrême droite au second tour. Un vote utile qui a accentué la marginalisation de la gauche classique (PC et PS) qui, ensemble ont péniblement rassemblé 4% des suffrages. Soit beaucoup moins que ne pesait l’extrême droite dans les années de son extrême marginalisation.
Depuis, le courant fondé par Jean-Marie Le Pen n’a cessé de progresser pour atteindre aujourd’hui au premier tour de l’élection présidentielle 32%. Et ce, si l’on ajoute aux suffrages obtenus par Marine Le Pen ceux d’Eric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan. Avec un tel score, l’écart entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au deuxième tour (66% et 33% respectivement), risque de se rétrécir. D’ailleurs, les sondages effectués au lendemain du 2ème tour donne moins de huit points d’écart entre les deux finalistes.
Cela ne va pas faciliter la tâche du président-candidat qui entame sa campagne du 2ème tour avec les entraves des promesses non tenues. Et avec une réputation de « candidat du grand capital » qu’il n’arrive pas à démentir. Certains, comme Jérôme Fenoglio, directeur du journal Le Monde, se demandent même « si Macron va réussir en quinze jours à endiguer un péril (de l’extrême droite) que le quinquennat qui s’achève a été impuissant à faire refluer? »
Le suspense reste de rigueur
Le match Macron-Le Pen du dimanche 24 avril s’annonce difficile aussi bien pour l’un que pour l’autre. Les huit points d’avance, selon les sondages, du premier ne sont ni une assurance pour lui de gagner, ni une certitude pour sa rivale de perdre.
Le suspense reste donc de rigueur, d’autant que la candidate du Rassemblement National est déjà partie à la pêche aux voix dans « la France profonde ». Elle vise même à puiser dans le réservoir de Jean-Luc Mélenchon. Même si celui-ci, contrairement à 2017, a clairement donné la consigne: « Pas une voix ne doit aller à la candidate de l’extrême droite », a-t-il dit à ses partisans.
Le suspense est de rigueur aussi quand on songe au comportement versatile et incertain du grand nombre d’abstentionnistes. En effet, des mois de campagne électorale n’ont pas réussi à faire refluer un tant soit peu l’abstention qui a été plus élevée qu’il y a cinq ans et a atteint 26,31% des inscrits. Près de 13 millions d’électeurs sur 48,74 millions d’inscrits ont ainsi boudé les urnes dimanche 10 avril.
Si cette masse énorme d’électeurs se décidait à aller aux urnes le dimanche 24 avril, qui pourrait se hasarder à prédire sérieusement les résultats?