Voilà, le tirage au sort du Mondial 2022 vient d’avoir lieu. Le sort a fait que notre équipe nationale hérite de la France et du Danemark, pour ne citer que ces deux-là. Autant dire qu’on n’a pas été gâté. On peut déjà présager que ça ne sera pas pour cette édition qu’on sera champion du monde. Mais qu’importe, on peut toujours se consoler d’être champion du monde dans beaucoup d’autres disciplines.
Nous sommes, à titre d’exemple, champion du monde de saut à l’élastique et de l’élasticité du discours. C’est le cas de ceux qui nous gouvernent et c’est ainsi et après avoir rassuré les populations sinistrées par des spéculations en tout genre, en promettant de les combattre de main de fer, nous voilà avec une inflation qui défie toute logique.
C’est du moins ce que disent les chiffres de l’INS sur l’augmentation de l’inflation qui serait de l’ordre de 7.2%. Et comme l’Etat n’avait ni l’intention ni les moyens d’assurer le règlement du marché, l’élastique, comme on le sait, fait revenir au point de départ du saut. Et nous voilà donc au point de départ et c’est bien sûr les Tunisiens qui en ont été pour leurs frais.
Mais il arrive que l’élastique casse et que le jeu se transforme en saut dans le vide abyssal. On en est quasiment là quand la question posée est de savoir si les élections prochaines auront lieu.
Le pays est suffisamment à l‘arrêt pour imaginer que cela changera quelque chose au paysage économique et social. Chacun dit qu’un hypothétique dialogue national sauvera la mise, mais la tension sur l’élastique met en danger les sourds de tous les côtés. Et les dernières lignes de crédit qui seront peut-être accordées par le FMI au pays, au prix fort, ne feront qu’enfoncer le clou.
« Chacun dit qu’un hypothétique dialogue national sauvera la mise, mais la tension sur l’élastique met en danger les sourds de tous les côtés »
A coups de grand marteau. Il arrive aussi qu’à force de tirer sur l’élastique, il nous revient sur la figure. A ce propos, il parait que certains pays, notamment ceux qui pèsent sur la décision du FMI, sont un peu frustrés par la tournure que prend la démocratie naissante en Tunisie. C’est le cas des Etats-Unis qui, via le porte-parole du département d’Etat Ned Price, ont ouvertement critiqué la dissolution du Parlement, menaçant de couper les aides.
Une déclaration à condamner, comme cette manie chez les Américains de s’arroger le droit de s’immiscer dans les affaires des autres, en dictant les règles de conduite à suivre. Mais il fallait s’y attendre. A force de tirer sur la corde des crédits… On connait la suite.
Et au-delà des pétitions de principe sur la solidarité internationale et l’ingérence dans les affaires internes, la fuite en arrière ne fera qu’élargir le gouffre. Nous aurons alors peut-être résolu la question de savoir si le prochain scrutin sera uninominal à deux tours, et la question du pain qui manque nous ramènera à la réalité.
(Article publié dans le numéro 842 de L’Economiste Maghrébin du 13 au 27 Avril 2022)