Les Rencontres Maghreb Oléagineux ont réuni hier les deux rives de la Méditerranée entre les trois pays du Maghreb la Tunisie, le Maroc, l’Algérie et la France. L’objectif étant de favoriser l’échange d’experiences entre les participants tunisiens, marocains, algériens et français.
Cette première édition des Rencontres Maghreb Oléagineux vise à rassembler les différents acteurs économiques et à poser les bases d’une argumentation commune sur le rôle stratégique des filières oléagineuses pour faire face aux enjeux de souveraineté alimentaire et de durabilité de l’agriculture au Maghreb.
Au Maghreb comme dans le reste du monde, l’augmentation de la demande en tourteaux et en huiles de graine constitue une tendance structurelle, liée aux évolutions démographiques ainsi qu’aux pratiques alimentaires.
Mais les chocs auxquels les marchés mondiaux des oléagineux et de leurs produits sont confrontés ces dernières années ont de lourdes conséquences sur les pays déficitaires. A titre d’exemple, en 2020, en raison de la pandémie, il y a eu une rapide hausse des prix. Sans oublier pour cette année, la guerre entre l’Ukraine et la Russie qui leur a donné un sacré coup.
De plus, ce conflit a induit de multiples perturbations sur les chaînes d’approvisionnement et d’exportation en provenance d’Ukraine et de la Mer Noire, notamment de graines oléagineuses. Ce qui a entraîné une hausse des prix inédite. Et fait peser un risque de pénurie et des difficultés financières dans certains pays situés sur le pourtour méditerranéen.
Aujourd’hui, il y a beaucoup de questions sur les intérêts d’une coopération entre les filières oléagineuses du bassin méditérranéen.
Vers l’autosuffisance en matière d’huiles végétales!
Puis, l’exemple du Colza était évoqué. Il constitue une culture essentielle qui, grâce à la coproduction de protéine et d’huile, contribue activement à apporter des solutions à la fois aux défis alimentaires, énergétiques et environnementaux.
De ce fait, l’intérêt d’aujourd’hui est d’accéder à l’autosuffisance en matière d’huiles végétales.
Rappelons dans ce contexte que la Tunisie est en mesure de fournir plus de 50% de la production de l’huile végétale. C’est ce qu’a évoqué, Aziz Bouhajba, le président de l’Association pour l’Agriculture Durable (APAD), lors du panel d’aujourd’hui. Et ce, dans le but de promouvoir la filière oléicole et des protéines végétales. Car, il y a un intérêt commun à l’échelle maghrébine.
Pour sa part, Tarek Jarrahi, le directeur général de l’Institut national des grandes cultures (TNGC), met l’accent sur les atouts dont dispose la Tunisie pour mieux garantir la sécurité alimentaire.
Assurer un travail en réseau
Mais pour y parvenir, il faut mettre tout un arsenal technique pour mieux encourager les agriculteurs à utiliser les produits de terroir et surtout la culture du blé.
Cela revient à l’Etat d’intervenir pour assurer un travail en réseau (chercheurs, agriculteurs, organisations professionnelles, administration…), aussi bien sur le plan national que sur le plan inter-régional.
Il faut dire que certains pays du Maghreb comme la Tunisie, le Maroc, l’Algérie, ces trois pays ont connu un important déficit en huiles alimentaires et en tourteaux. Puisque la quasi-totalité des besoins des trois pays sont couverts par les importations. D’où la question de la souveraineté alimentaire comme les huiles et les protéines végétales au Maghreb. Ce qui représente un enjeu de taille.
Dans ce contexte global, comment y remédier? La solution, d’après les panélistes, est d’oeuvrer vers une capacité de substitution, même partielle. C’est-à-dire importer moins et opérer vers une production agricole nationale. Ce qui devrait avoir des effets positifs durables, aussi bien sur le plan macro-économique qu’environnemental et sociétal.
Dans ces trois pays du Maghreb, des filières oléagineuses ont progressivement
émergé depuis les années 2000 sous l’impulsion des pouvoirs publics et d’acteurs privés.
De ce fait, le soutien renforcé des pouvoirs publics permet mieux de déployer plus largement les cultures oléagineuses. Ce qui deviendra une réponse pérenne et significative aux enjeux d’approvisionnement en protéines, de diversification des cultures et d’amélioration des revenus des agriculteurs.
En somme, pour conclure: il faut faire la promotion de l’inclusion du développement des filières oléagineuses dans les plans stratégiques et l’élaboration de plans d’actions nationaux. C’est ce qu’estime Abderraouf Laajimi, représentant du ministère de l’Agriculture, de la pêche et des ressources hydrauliques. Il s’exprimait durant son allocution, lors de la clotûre du dernier panel de la journée du 17 mai 2022.