Au-delà des rumeurs persistantes sur l’état de santé du président Vladimir Poutine, d’ailleurs vivement démenties par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, les médias occidentaux ne cherchent-ils pas à accréditer l’hypothèse que les effets secondaires de traitements utilisés contre le supposé cancer du maître du Kremlin, seraient à l’origine de son comportement « irrationnel et paranoïaque » dans sa guerre contre l’Ukraine ?
Mais que se passe-t-il derrière les briques rouges du Kremlin ? Que sait-on de l’état de santé du maître des lieux ? Vladimir Poutine, est-il toujours à la barre ? Des questions légitimes que les chancelleries occidentales et surtout le renseignement américain se posent en spéculant même sur l’après-Poutine. Ce beau monde prend-t-il ses rêves pour des réalités ?
Culte de la virilité de Poutine
C’est que, pour rappel, l’homme fort de la Russie avait toujours fait de son corps athlétique un puissant instrument de communication politique, s’exhibant à la télévision malgré son âge avancé sur la glace d’une patinoire, en judoka 7e dan ou torse-nu à cheval pour affirmer une idée de la force physique et de la puissance mentale et de la virilité dont ses compatriotes sont friands. Bref, c’était lui le chef incontestable à l’image du défunt empire soviétique.
Spéculations
Mais depuis le déclenchement de l’invasion russe du territoire ukrainien, les rumeurs sur l’état de santé du président russe dont les apparitions sont scrutées à la loupe, vont bon train. Son visage gonflé par la cortisone cache-t-il un cancer du sang ou de la thyroïde ? De toute manière, son teint cireux, comme ses traits tendus accréditent de plus en plus l’hypothèse d’un homme qui souffre en silence.
Or, le fait que le Kremlin garde jalousement l’état de santé du dirigeant au pouvoir depuis 2000 ne fait qu’alimenter ces rumeurs persistantes.
Et ce d’autant plus que dans un enregistrement audio révélé le 12 mai par le magazine américain New Lines, on entend un oligarque russe affirmer que Vladimir Poutine est « très malade » et est atteint « d’un cancer du sang ». Sachant que les spécialistes consultés par ce média soulignent que les effets secondaires de traitements aux stéroïdes utilisés contre les cancers engendrent un comportement « profondément irrationnel ou paranoïaque ».
« Les rumeurs sur l’état de santé du président russe dont les apparitions sont scrutées à la loupe, vont bon train »
Pour le magazine Times, le tremblement des mains et gonflement du visage du maître du Kremlin indiquent qu’il suivrait un traitement lourd. Une vidéo récente, largement relayée sur les réseaux sociaux mi-avril, le montre affaissé dans son fauteuil, la tête rentrée entre ses épaules, la jambe raide, les mains crispées sur son bureau lors d’une réunion avec son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.
D’autre part, une enquête de Proekt, un sérieux média russe indépendant spécialisé dans le journalisme d’investigation, soulève plusieurs indices laissant entendre que le président russe est atteint d’un cancer de la thyroïde. Selon les documents révélés par ce média Vladimir Poutine a rendu visite 35 fois en l’espace de quatre ans à un chirurgien spécialiste du cancer de la thyroïde.
Toujours selon l’enquête de Proekt qui se rappelle l’isolement de Vladimir Poutine pendant la pandémie de Covid-19 et de l’immense table – longue de six mètres – avec laquelle il recevait des chefs d’État étrangers pour respecter la distanciation sociale. « le dirigeant serait si inquiet pour sa santé qu’il s’est tourné vers la médecine traditionnelle, notamment le bain de sang de bois de cerf. Une pratique courante dans la région de l’Altaï en Russie, qui améliorerait le système cardiovasculaire et rajeunirait la peau ». Dixit la même source.
Le démenti de Lavrov
Voulant mettre fin aux rumeurs, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, fidèle parmi les fidèles, s’est empressé de démentir dimanche dernier que le président Vladimir Poutine soit malade, assurant qu’il n’en présentait aucun signe.
Ainsi, en réponse à une question de la chaîne de télévision française TF1, le chef indéboulonnable de la diplomatie russe a notamment déclaré « Je ne crois pas que quelqu’un qui ait toute sa tête puisse voir chez le président Poutine des signes d’une maladie ou d’une affection quelconques »
« Vous pouvez le voir à l’écran, lire ou écouter ses discours. Je laisse ceux qui répandent de telles rumeurs régler cela avec leur conscience, malgré les occasions quotidiennes qu’ils ont de vérifier ce qu’il en est », a-t-il encore ajouté.
Sachant que la santé du président Poutine, qui aura 70 ans en octobre, comme sa vie privée sont des sujets tabous en Russie, presque jamais évoqués en public.