C’est le cas depuis 2011. Les médias, leur renouveau et leur réforme n’ont pas fait l’objet d’un quelconque intérêt. Il n’y a aujourd’hui ni un vis-à-vis gouvernemental pour les professionnels ni encore et surtout une volonté politique d’aller de l’avant.
« Nous construisons une démocratie, mais en l’absence de démocrates ». La formule utilisée par Hichem Senoussi, membre de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), se veut l’expression du vécu tunisien, depuis 2011, en matière de libertés publiques. A commencer par la liberté d’information.
S’exprimant, le 13 mai 2022, au cours d’une rencontre sur « Les politiques publiques en matière d’information » et sur « La nécessité de protéger la liberté d’opinion et de presse à l’heure d’un retour en arrière », organisée, à Tunis, par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Hichem Senoussi évoque plutôt une « liberté de parole ».
Pour lui, les acteurs politiques n’ont aucune volonté de faire avancer les choses en matière de réforme du secteur de l’information et de la communication. Bien au contraire, des acteurs politiques ont initié des stations hors la loi et commis des crimes financiers.
Le constat a été du reste vite fait quant à la négligence de la classe politique tunisienne pour toute réforme du secteur des médias, assure Maher Abderahmane, journaliste, expert et consultant dans les médias audiovisuels. Elle a laissé les choses en l’état pour pouvoir en faire ce qu’elle veut et échapper à ses responsabilités. Ainsi en est-il de l’absence d’une structure qui a en charge le secteur de l’information.
Les fonctions de cette structure sont gérées par de nombreuses institutions lorsqu’il y a une prise en charge et non un réel désintérêt.
Mettre les textes en application
Mais quelle forme peut prendre cette structure ? Pour Rachida Ennaifer, universitaire et ancienne conseillère médiatique du président Kais Saied, le mieux serait que la prise en charge soit le fait d’une structure indépendante et non une structure gouvernementale.
D’où l’idée de pouvoir élargir le spectre de la HAICA afin qu’elle prenne en charge les médias en général : l’audiovisuel, la presse écrite et électronique.
Certes, mais l’essentiel est aussi et surtout qu’il y ait parmi l’ensemble des acteurs du monde des médias, les gouvernants et les professionnels, une réelle volonté de réformer le secteur. Ce qui ne semble pas du reste être le cas. Les textes de loi ne suffisent pas, insiste Mohamed Yassine Jelassi, président du SNJT. Il faut les mettre réellement en application.
Les débats animés par Néji Beghouri, ancien président du SNJT, et Sadok Hammami, professeur à l’Institut de presse et des sciences de l’information (IPSI), ont permis, dans ce cadre, d’attester que toutes les initiatives et démarches entreprises, même si elles sont loin d’avoir permis de réaliser des conquêtes importantes au niveau de la qualité des contenus, n’ont pas eu un répondant de la part de la classe politique qui a mis la réforme des médias, et le propos n’est pas exagéré, aux oubliettes.