Une panne accélérée des services, y compris l’approvisionnement en eau et en électricité, a laissé les citoyens soudanais compter le coût de l’impasse politique après un coup d’État militaire en octobre dernier, selon les observateurs. Zoom sur la situation au Soudan.
La détérioration des conditions de vie survient après que le coup d’État a déclenché la suspension de milliards de dollars de financement international. Et à un moment où la guerre en Ukraine a fait grimper le coût des principales importations. Il s’agit d’une situation critique au Soudan.
Elle a alimenté les manifestations anti-militaires organisées au moins une fois par semaine au cours des huit derniers mois. Et ce, tout en renforçant la pression exercée sur les groupes militaires et civils pour qu’ils parviennent à un accord politique.
Cependant, aucun Premier ministre n’a été nommé depuis le coup d’État. Et les ministres exercent leurs fonctions à titre intérimaire. Alors que les tentatives de médiation menées par les Nations unies et l’Union africaine n’ont pas encore produit de résultats.
De leur côté, les autorités disent qu’elles poursuivent les réformes économiques qu’un gouvernement dirigé par des civils a lancées; sous la surveillance du Fonds monétaire international (FMI) en 2020. Elles viseraient à réduire les subventions considérées comme inflationnistes. Cependant, les dépenses publiques ont monté en flèche.
Par ailleurs, le gouvernement s’est abstenu d’imprimer de l’argent pour financer le déficit. En outre, les revenus mensuels de l’État ont augmenté des deux tiers au cours des six derniers mois pour atteindre 150 milliards de livres soudanaises (264 millions de dollars), a-t-il déclaré.
Mais l’inflation signifie que les dépenses ont augmenté encore plus rapidement. La facture mensuelle des seuls salaires du secteur public s’élève à 180 milliards de livres. Et ce, contre 54 milliards de livres depuis le début de l’année. En plus de la hausse des coûts du carburant, du blé et d’autres importations, a-t-il ajouté.
Coupures d’eau, pannes d’électricité
À Al-Shigla, de l’autre côté du Nil Blanc depuis la capitale Khartoum, des habitants se pressant autour de camions-citernes privés vendant de l’eau ont déclaré que leur approvisionnement local en eau était à sec depuis des semaines.
L’inflation a légèrement diminué mais reste à 192%, selon les chiffres officiels. La semaine dernière, le Programme alimentaire mondial a averti que 15 millions de personnes, soit environ un tiers de la population, sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë.
Les responsables de l’autorité de l’eau de Khartoum blâment le manque de financement gouvernemental pour entretenir les stations d’eau ou les conduites d’eau pour une population croissante. Les pannes de courant fréquentes désactivent les pompes à eau, ont-ils précisé.
Le gouvernement subventionne l’électricité. Mais il existe un déficit d’approvisionnement que les autorités espèrent combler grâce aux investissements étrangers et aux énergies renouvelables, a-t-il poursuivi.
« Ce qu’il c’est passé en octobre a eu un impact significatif sur l’économie », a-t-il relevé. Il cite la suspension d’environ 4 milliards de dollars d’aide occidentale attendue pour 2022-23.
« Nous avions de grands projets d’électricité, d’irrigation et de développement rural, et tout cela s’est arrêté. »