A l’heure où le titulaire du portefeuille, Rabie Majidi, de son ton docte, calme, assuré et terriblement pédagogique, parle de programme de mobilité et non de transport, les questions à évoquer sont nombreuses : l’état des infrastructures et des équipements, des chantiers qu’il faudra mener à bien. Et pour cause. Le transport n’est-il pas le nerf de l’économie ? Et le propre du secteur du transport n’est-il pas de connecter les hommes pour le bien du pays ? Interview exclusive.
Quid de l’ouverture du ciel ?
Lorsque j’évoque Tunisair, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de place pour les autres compagnies du pavillon national. Elles sont toutes l’objet de notre intérêt. Idem pour toutes les compagnies qui servent notre intérêt national. Elles sont les bienvenues. C’est pourquoi nous autorisons des vols charters, alors que nous ne sommes pas traités de la même manière ailleurs. Je veux d’ores et déjà dire que nous sommes en train de travailler sur des programmes sérieux, réalistes, crédibles et réalisables. Les réalités économiques, financières, culturelles, sociales sont là et elles ne peuvent qu’influencer notre vécu. Nous avançons avec des solutions participatives. Nous travaillons, comme je l’ai dit, sur des projets rentables. Sans relâche, sans tabou. Quand il y a un couac, nous n’avons pas de problème pour le dénoncer et dire que nous devons trouver une solution. Un mot aussi pour Tunisair Express, qui se doit de prendre toute sa place et trouver les moyens de renforcer sa flotte et son trafic. Dans le même ordre d’idées, nous avons renforcé les moyens de beaucoup de nos aéroports : celui de Djerba, mais aussi ce[1]lui de Tozeur. Nous leur avons apporté les moyens de leur développement, notamment pour encourager le tourisme. Nous travaillons, dans ce cadre, à la rentabilité des vols. De plus, un intérêt certain est accordé à la propreté des aéroports, à la sécurité, aux pratiques qui peuvent altérer leur image. Tout cela est dans notre viseur. Des campagnes ont été lancées à ce niveau dans les ports, les aéroports et leur environnement. Pour cela, nous nous concertons avec toutes les parties prenantes : le ministère de l’Equipement, le ministère de l’Intérieur…
L’état des points de passage terrestre comme celui de Ras Jedir pose problème
Nous avons onze points de passage terrestre. Deux avec la Libye et neuf avec l’Algérie. Pour chacun d’entre eux, nous avons entrepris un travail que j’estime important. Nous sommes conscients des problèmes. Mais, nous sommes en train de les prioriser. Une expérience a été menée au niveau du point de passage de Melloula. Elle sera généralisée. Il y a eu aussi la création, comme vous le savez, d’un Office national des postes frontaliers terrestres (ONPFT). Notre objectif, c’est qu’il prenne forme, qu’il devienne bien opérationnel et qu’il ait des ressources conséquentes afin qu’il agisse au mieux de sa mission. Il s’agit également de faire de ces points de passage des lieux de vie, avec des commerces, des free shops, des motels, des banques, des pharmacies, des établissements sanitaires…, des appartements même. Un point de passage comme celui de Ras Jedir a des réserves foncières qui lui permettent de fonctionner correctement. Il est voué à un bel avenir. Un avenir qui peut se dessiner à travers des initiatives comme le partenariat public-privé et les investissements que l’on peut prévoir sous forme d’exploitations à céder. Nous avons travaillé, cela dit, sur des benchmarking en nous inspirant d’autres expériences. Entre-temps, un travail sans relâche a été accompli à divers niveaux (celui des sanitaires par exemple).
On se demande en Tunisie pourquoi le RFR met du temps à démarrer ?
Le projet avance bien, mais je ne peux donner de date. On le fera le jour où on sera sûr que le projet répond à toutes les normes et à toutes les conditions de sécurité pour tous : les voyageurs et les agents du RFR notamment. J’adopte à ce propos le : « Roulez doucement, je suis pressé ». Ce que je peux vous dire néanmoins, c’est qu’il y a quelques blocages. Des vols et des infractions ont été commis. Les enquêtes sont en cours et des sanctions sont prévues. A ce sujet, il y a zéro tolérance, car l’Etat est présent. Les lois sont là. Je sais cependant que le jour où le projet démarrera, il sera approprié, étant donné ses avantages. Tout le monde en a conscience. Cependant, nous avons une question à régler concernant la station du Bardo. Nous sommes patients et nous prêtons une oreille attentive à la société civile. Je reçois d’ailleurs des citoyens concernés par cette station. Je ne refuse pas le débat, quels que soient les propos tenus. Beaucoup de demandes de la société civile figurent déjà dans nos préoccupations et dans nos plans. Pour l’heure, nous assurons les contrôles nécessaires. Nous assurons le trafic, même si c’est pour une partie des lignes.
Article paru dans le numéro de l’Economiste Maghrébin n 846 du 8 au 22 juin 2022