La Tunisie vit au rythme d’une profusion d’événements aussi importants et déterminants, les uns que les autres, pour l’avenir du pays à brève, moyenne et longue échéance.
Avec une précipitation particulière en ces moments d’élaboration du projet de la nouvelle constitution et de la tenue du référendum fixé en Tunisie au 25 juillet 2022. Commençons par le commencement et regardons, de plus près, les chances d’un vote positif en faveur du référendum. Outre le fait de cette innovation interdisant aux médias de donner la parole aux parties appelant au boycott du référendum, il est bon de relever certaines autres anomalies.
On mentionnera, tout d’abord, cette tendance de se contenter des « présents » pour finaliser quoi que ce soit. Ainsi, les commissions désignées, pour faire des propositions pour les 40 ans à venir, en l’espace de deux jours et « couchées » sur deux feuillets, se sont « illustrées », dans leur grande majorité, par leur absence et leur refus de s‘impliquer. Qu’à cela ne tienne : on se contentera des « présents ».
Ensuite, les tractations et les propositions se sont déroulées dans la confusion générale et dans le black-out total. Aucune communication, et aucune information n’étaient disponibles. Résultat : la première copie du projet de la constitution a été remise par le Doyen Sadok Belaïd au chef de l’Etat dans les dernières limites du délai prévu.
Mais sans la moindre communication à l’opinion publique. Et selon l’aveu des participants à l’élaboration de ladite copie, ils n’ont pas été autorisés à la consulter. Et même M. Brahim Bouderbala, il ne l’aurait vue qu’une dizaine de minutes avant sa remise au président de la République.
Est-ce une attitude normale ? Non, à vrai dire, dans le sens où l’équipe du Palais de Carthage a pris l’habitude de travailler en solo i afin de bénéficier, paraît-il, de l’effet de surprise vis-à-vis de ses « détracteurs » et de leur imposer les faits accomplis.
Entre le référendum, les menaces d’assassinats, le bras de fer Saïed-magistrats et les relations avec le FMI, quelles chances de s’en sortir pour la Tunisie?
Qu’en est-il des chances de passage de ce referendum ? Certains disent qu’on va perpétuer la tendance du contentement de ceux « présents », même si le nombre des participants n’est que de quelques dizaines de milliers, et valider le projet de la nouvelle constitution.
D’autres voix parmi les opposants au président de la République et même parmi ses proches, n’ont pas hésité à affirmer qu’il est logique et évident qu’il faut un minimum de 50%+1 de participation et de « oui » pour « valider ledit projet ». Mais Kaïs Saïed l’entendra t-il de la même oreille ? Très peu probable
Sans entrer dans les détails du contenu du projet, puisqu’on ne le connaît pas avec certitude, les observateurs estiment qu’il ne serait pas étonnant qu’il soit adopté, malgré tout, par le recours à l’une des acrobaties juridiques et politiques dont le Palais de Carthage a le secret. Mais là, attendons pour mieux voir.
Ce qui attire l’attention, c’est qu’au milieu de tous ces tiraillements, le ministère de l’Intérieur a fait un teasing, le premier du genre, pour une conférence de presse qualifiée d’urgente ou exceptionnelle.
Il était logique, donc, que les représentants des médias se rendent et couvrent l’événement au siège du ministère de l’Intérieur et délaissent le sit-in des membres du PDL devant le siège de l’ambassade de l’Etat de Qatar à Tunis pour protester contre les agissements du réseau des frères musulmans, appelé, l’Union des savants musulmans.
Face à l’imbroglio et les clivages, nouveau recours à la diversion ?!
Le point de presse, sans questions des journalistes, a été une occasion pour évoquer trois faits : le point de la situation sur l’arrestation de Hamadi Jebali et le présumé blanchiment d’argent pesant sur son association « Nama’ », l’existence de menaces d’assassinat du chef de l’Etat et d’un plan visant la sécurité nationale, et l’attaque au couteau contre une ronde policière près de la synagogue de Tunis.
Or, si on espère que l’affaire de l’association « Nama’ » soit traitée sérieusement tout en dévoilant les griefs contre le dirigeant nahdhaoui, on espère, aussi, que les autorités compétents fournissent un minimum de données sur les menaces d’assassinat sachant qu’elles ne sont pas les premières et que toutes les anciennes accusations du genre sont restées, depuis des dizaines de mois, sans suite !…
Quant au 3ème point à propos de l’agression à La Fayette, il est survenu après le « teasing », c’est-à-dire qu’il n’était pas concerné par le teasing. Sans autre commentaire !…
Serait-ce une nouvelle opération de diversion, comme on en a vu d’autres, pour détourner l’attention du traitement réservé au référendum ? Certains esprits « mal intentionnés » n’ont pas hésité à le dire ouvertement.
Il faut dire que les doutes ne pèsent pas, uniquement, sur l’issue de la nouvelle constitution, mais sur une autre question beaucoup plus cruciale pour l’avenir de la Tunisie, à savoir les relations avec le Fonds monétaire international (FMI) dans le sens où les vrais pourparlers avec notre pays tardent à venir en dépit des déclarations optimistes et populistes.
La cheffe du gouvernement et ses ministres, qui dépendent tous directement de Kaïs Saïed, répètent que tous les indicateurs sont positifs et que les négociations avec le Fonds auront lieu très prochainement sous les meilleurs auspices.
Mais le responsable du FMI, qui vient de séjourner à Tunis, dit clairement qu’il faut obtenir, au préalable, l’accord de l’UGTT qui continue à affirmer, publiquement, qu’elle est contre le projet de réformes mis au point par La Kasbah.
En tout état de cause, l’imbroglio est total avec une situation négative à tous les niveaux et dont seul un miracle sous forme d’un dénouement à la 90ème minute, peut faire éviter un « désastre ». Et encore, on n’a pas évoqué le bras de fer entre Kaïs Saïed et la majorité écrasante des magistrats… Mais pour positiver, disons que tan t qu’il y a la vie, il y a de l’espoir !…