La délégation de l’Union européenne en Tunisie a initié depuis début 2021 une série de dialogues. Et ce, avec différents acteurs économiques et en particulier le secteur privé. Objectif: identifier des pistes de propositions concrètes. Celles-ci pourront être portées par la Délégation dans son dialogue avec les autorités publiques. De même qu’elles pourront donner lieu à la formulation d’actions de coopération. Le tout en coordination avec les Etats membres de l’Union européenne et les partenaires techniques et financiers de la Tunisie.
Le 4e dialogue UE-Secteur privé de la série « Du point de vue de l’entreprise » s’est tenu à Tunis le 29 juin. Et ce, sur le thème « La responsabilité sociale des entreprises au service de la compétitivité des PME ».
A cette occasion, Francisco Acosta, Chef de Délégation adjoint, a mis l’accent sur les risques et les opportunités résultant de la nouvelle directive de la Commission européenne sur le devoir de diligence des entreprises en matière de développement durable.
Pour la délégation de l’Union européenne en Tunisie, le choix de la thématique de ce quatrième dialogue est fortement motivé par le contexte tunisien actuel; où la Tunisie est fortement impactée par les effets du changement climatique.
Elle a notamment enregistré une dégradation environnementale estimée à 2,1% du PIB et à une contribution des importations énergétiques estimée à 38% du déficit de la balance commerciale en 2020.
Pour rappel, le gouvernement tunisien a entrepris un certain nombre de réformes majeures. L’objectif étant de placer l’économie nationale sur une trajectoire de développement plus résilient et durable.
Favoriser un comportement durable et responsable
Au niveau microéconomique, plusieurs initiatives locales incitant les PME à adopter une stratégie RSE et un système de reporting extra-financier ont vu le jour en Tunisie, en ligne avec les politiques nationales. Il s’agit notamment: du Référentiel National de la Gouvernance – RNG de l’Innorpi; du guide du reporting ESG de la Bourse; ou encore du label RSE Tunisie de la CONECT.
Au niveau européen, et dans le but de favoriser la durabilité dans les systèmes de gouvernance et de gestion des entreprises, la Commission européenne a récemment adopté une proposition de directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (Corporate sustainability due diligence).
En effet, cette directive a pour objectif de favoriser un comportement durable et responsable des entreprises. Ces nouvelles règles garantiront que les entreprises prennent en compte les effets négatifs de leurs actions. Y compris dans leurs chaînes de valeur à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe. Elle viendra ainsi rejoindre un ensemble d’outils réglementaires et incitatifs que l’Union européenne est en train de mettre en place pour donner corps au « Pacte vert ».
Recommandations
Le débat autour de ces initiatives locales et européennes fut riche et intéressant. Les recommandations suivantes ont notamment été formulées :
- Communiquer et vulgariser la culture RSE auprès des entreprises qu’elles soient privées ou publiques; et en particulier auprès des PME. En effet, la base est de convaincre le chef d’entreprise que « Prendre soin de ses employés, c’est prendre soin de son business ! »;
- Développer les incitations telles que le fait d’offrir des avantages aux PME responsables au niveau social ou environnemental et en particulier au niveau de l’accès au financement auprès des banques commerciales;
- Harmoniser les initiatives RSE locales et éventuellement n’avoir qu’un seul référentiel au niveau national;
- Mettre en place un plan d’accompagnement (semblable au programme de mise à niveau) pour soutenir notamment les PME concernées par la/ les directives de l’UE;
- Au-delà de l’aspect volontaire, réfléchir à la mise en place d’une réglementation en Tunisie sur le reporting environnemental et social et mesure d’impact.