La visite du président de la République, Kaïs Saïed, en Algérie a permis le réchauffement des relations entre les deux pays, matérialisé par la prochaine réouverture des frontières terrestres ; ainsi qu’un éventuel dégel avec le SG de la centrale syndicale Noureddine Taboubi. Que de bonnes nouvelles…
Ne boudons pas notre plaisir. La visite du président de la République, Kaïs Saïed, à Alger fut un franc succès, puisque, d’une part, elle a permis de dégeler les relations tuniso-algériennes et, d’autre part, elle a ouvert la voie à une éventuelle réconciliation avec le puissant patron de la centrale ouvrière, Noureddine Taboubi.
Une aubaine pour le tourisme tunisien
Le président Kais Saîed a effectué une visite de fraternité et de travail en Algérie les 4 et 5 juillet 2022 par pour prendre part à la cérémonie de commémoration du 60e anniversaire de la fête d’indépendance algérienne. Celle-ci fut marquée par une grande parade militaire après 132 ans de colonisation française. A cette occasion le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé, hier mardi 5 juillet, la réouverture des frontières terrestres entre la Tunisie et l’Algérie pour les véhicules particuliers et les voyageurs. Et ce, à partir du 15 juillet 2022.
Pour rappel, ces frontières étaient maintenues fermées par l’Algérie sous prétexte de la lutte contre le Covid-19 ; mais les raisons restaient mystérieuses. Sachant que cette fermeture représentait une perte sèche pour notre pays et un handicap pour le tourisme après un arrêt de deux années causé par la crise sanitaire.
Un geste symbolique de la part des autorités algériennes et un bol d’oxygène pour le tourisme tunisien qui ne peut que se réjouir de recevoir des millions de touristes algériens.
«Nous avons pris cette décision ensemble. A partir du 15 juillet, les frontières terrestres seront ouvertes pour tous les voyageurs. Elles n’ont jamais été totalement fermées, elles étaient ouvertes pour le transport de marchandises… Les Algériens pourront désormais se rendre dans leur second pays la Tunisie et vice-versa », a lancé chaleureusement le président Abdelmadjid Tebboune, tout en souhaitant le meilleur pour le peuple tunisien, en espérant notamment « que la nouvelle Constitution soit bien accueillie ».
Le projet juillettiste adoubé par Alger ?
Ce geste amical et cette déclaration bien chaleureuse signifient-ils que Kaïs Saïed a réussi à convaincre son homologue algérien de la pertinence de sa démarche juillettiste et qu’il demeure un rempart contre l’islam politique, responsable de la décennie noire en Algérie, un traumatisme gravé sur le marbre dans le tréfonds de la mémoire collective de nos voisins algériens ?
Rappelons à cet égard que cette visite marque un réchauffement des relations entre les deux pays, liés par la géographie, l’histoire et le sang des martyrs. Lesquelles se sont légèrement refroidies suite aux déclarations malencontreuses du président algérien, fin mai dernier à Rome, où il déclara que « l’Algérie et l’Italie partagent les problèmes de la Tunisie », exprimant « les dispositions des deux pays à aider la Tunisie à sortir de l’impasse et à revenir à la voie démocratique ».
Saïed et Taboubi : reprise de contact à Alger
D’autre part, il est à rappeler que parallèlement à la visite présidentielle, le SG de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, s’est également rendu en Algérie pour une visite officielle sur invitation de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et du gouvernement algérien.
« C’est la seule délégation syndicale qui prend part à ces grandes festivités organisées par l’Algérie, en hommage au rôle historique joué par l’UGTT en matière d’appui à la résistance algérienne, en lui fournissant un siège à la place Mohamed Ali Hammi, à l’issue de la révolution algérienne », insiste l’organe médiatique syndical Achaab.
S’agit-il d’une rencontre organisée sciemment par le chef de l’Etat algérien pour leur permettre enfin de se parler ?
Sachant que les deux hommes en délicatesse à cause du refus de l’influente organisation syndicale de participer aux commissions consultatives et de sa position très critique envers la nouvelle Constitution. Sans omettre la décision de l’UGTT, perçue comme une provocation à Carthage, de déclencher la grève générale dans le secteur public et l’annonce d’une deuxième qui paralysera toute la fonction publique.
Les liens sont-ils rompus pour autant entre Carthage et la place Mohammed Ali ?
Il semble évident qu’en dépit de la tension palpable entre les deux hommes, le chef de l’Etat aurait apprécié à sa juste valeur que le responsable syndical n’ait pas appelé au boycott du prochain scrutin référendaire le 25 juillet, ni donné de consigne de vote ; se contentant en revanche de laisser le choix à sa base de décider selon sa libre conscience.
Enfin, la politique politicienne ayant séparé Kaïs Saïed et Noureddine Taboubi, la rencontre d’Alger réussira-t-elle à les réunir de nouveau ?