Les Tunisiens sont appelés en ce 25 juillet 2022 à voter pour la troisième constitution de la République. Elle marque un retour aux sources avec un régime présidentialiste. Cette célébration se fait aussi à l’heure où de soucis d’ordre économique sont à solutionner pour pérenniser davantage la République que le peuple s’est choisi un 25 juillet 1957.
La Tunisie célèbre aujourd’hui le 65ème anniversaire de la République. Un anniversaire marqué par une consultation en vue de l’adoption d’une nouvelle constitution pour une nouvelle République. Il s’agit de la troisième constitution, dans le parcours qui sépare l’adoption de la République et la déchéance du Bey, le 25 juillet 1957, de ce 25 juillet 2022.
Adoptée en 1959, la première constitution a consacré un régime dit présidentialiste qui indique que le pouvoir exécutif est « entre les mains du président de la République ». La seconde, adoptée, en 2014, après le Révolution des 17 décembre 2010-14 janvier 2011stipule que le pouvoir exécutif est « exercé conjointement par le président de la République et le chef du gouvernement. Le président de la République tunisienne étant élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans ». La troisième est celle soumise au vote aujourd’hui. Une nouvelle constitution qui donne au chef de l’Etat une certaine prééminence puisque, comme celle de 1959, il détient le pouvoir exécutif.
Un retour aux sources pour ainsi dire. Un état de fait qui ne peut que consacrer la place du chef dans la culture arabo-musulmane. Une place qui a accompagné nombre de régimes politiques et de constitutions à travers les temps.
Au cours ce long parcours également, la Tunisie a bien connu des mutations. A commencer par celles de la vie économique. Un cheminement on ne peut plus difficile depuis l’accession du pays à l’indépendance et son engagement dans une politique de type socialiste. Cela était du reste dans l’air du temps à cette époque dans la majorité des pays de la région.
Le programme adopté était à cette époque celui de la centrale syndicale du pays, l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), qui était un des partenaires du parti unique (le Néo-Destour), et son secrétaire général, Ahmed Ben Salah, nommé en 1960 à la tête du ministère du plan qui a mis en exécution les « perspectives décennales de développement » avec, petit à petit, la généralisation des coopératives.
Une politique économique qui n’a pas réussi. Bourguiba décide, en 1969-1970, de changer de fusil d’épaule en opérant la déchéance d’Ahmed Ben Salah et en appelant à la tête du Premier ministère, après un court passage de Béhi Ladgham, Hédi Nouira qui réforme l’économie nationale en lui donnant un tournant libéral.
Dans les années qui suivent, la Tunisie va cependant connaître de nouvelles secousses. C’est le cas des événements du 26 janvier 1978 qui marquent une confrontation avec l’UGTT. Certains y voient du reste les signes d’une certaine rupture aussi bien politique qu’économique.
L’année 1986 va apporter, par ailleurs, une crise sans précèdent pour les finances publiques. La Tunisie « se met alors officiellement d’accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) sur la mise en place de ce Programme d’Ajustement Structurel (PAS) en signant un accord sur un programme de reprise économique sur 18 mois. En 1988, on accorde à la Tunisie le recours à des fonds étendus pour une période de trois ans ».
Un FMI qui revient depuis 2011 à la charge avec les problèmes rencontrés par les équipes dirigeantes du pays. Le pays connaît alors notamment une augmentation très sensible de son taux d’endettement et engage des négociations avec cette institution internationale.
Le dernier round de ces négociations, engagé il y a quelques semaines, a permis de connaître quelques conclusions du FMI qui marque sa satisfaction pour quelques actions entreprises. Mais note cependant que « les perspectives à court terme, s’annoncent difficiles étant donné que la croissance va probablement se contracter tandis que les prix internationaux plus élevés de l’énergie et des produits alimentaires viendront s’ajouter à une inflation déjà très forte et accroîtront les déficits budgétaires et extérieurs, ainsi que la dette » et qu’il « convient à présent d’accélérer la mise en œuvre de l’agenda gouvernemental ».
Des propos qui pèsent d’un certain poids à l’heure où les Tunisiens fêtent leur République. Une République que la solution des questions économiques ne peut que pérenniser davantage.