Les jeux sont faits avec l’instauration de ce qu’on appelle le « silence électoral » à 24 heures seulement du début de l’opération du vote par « oui » ou non au projet de la nouvelle constitution proposé et, théoriquement, écrit par le président de la République.
En effet, Sadok Belaïd dont le projet de constitution a été jeté aux oubliettes, estime que le projet soumis au referendum a été rédigé par une tierce personne dont l’identité reste une énigme à élucider dans le sens où, toujours selon le doyen Belaïd, celui qui a rédigé le préambule ne peut, en aucun cas, être le même auteur du reste du texte et de ses divers articles.
Il faut dire qu’en faisant un pied de nez à deux des rares personnes qui ont cru en lui jusqu’au dernier moment, le chef de l’Etat devait s’attendre à toutes les réactions possibles et imaginaires de la part de Sadok Belaïd et Amine Mahfoudh.
Sadok Belaïd tire le coup le coup de grâce sur Kaïs Saïed et sur son projet de constitution
Or, si Mahfoudh s’est contenté d’affubler le président de la République du qualificatif de « dangereux », Me Belaïd n’y est pas allé de main morte en « démolissant et Kaïs Saïed et son projet de constitution » lors de la conférence donnée à la tribune organisée par l’Alliance « Soumoud ». Pourtant, l’Alliance Soumoud, Belaïd et Mahfoudh étaient des soutiens inconditionnels du chef de l’Etat, ce qui explique leur désignation, par ses soins, pour superviser la rédaction du texte de la constitution.
Qu’on en juge. En nous référant à des citations « textos » des propos du « Doyen » qui a répété, à maintes reprises, que Kaïs Saïed n’était autre qu’un de ses « élèves » tout en précisant qu’il était un bon connaisseur de l’histoire des constitutions. Sans plus !…
Par contre, le « Doyen a affirmé que le texte du projet rendu public par le chef de l’Etat est différent à 100% du sien et qu’il était mauvais et incohérent pour plusieurs raisons.
Outre l’incohérence entre le préambule et les articles, il est inadmissible qu’un texte de constitution soit rendu public avec 46 fautes « infiltrées », ce qui confère à ce travail un caractère non sérieux, voire carrément amateur. Et d’un !
Certains articles ont un fort caractère religieux que même Ennahdha ne rêvait pas d’insérer dans la constitution de 2014. Et de deux !…
Le nouveau projet de constitution « est à côté de la plaque et représente une grosse catastrophe pour la Tunisie dans le sens où il va la faire plonger dans un « régime dictatorial, voire pharaonique puisqu’il s’accapare tous les pouvoirs, exécutif et législatif dans leur totalité ». Et de trois !…
Le projet de la constitution ne va pas résoudre les problèmes économiques du pays, selon Belaïd, alors que la Tunisie se trouve dans une situation de faillite et de cessation de remboursement de ses dettes, mais Saïed n’est intéressé que les aspects politiques et l’accumulation de tous les pouvoirs entre ses mains ; Et de quatre !…
« Je n’ai jamais vu un Président qui traite son peuple d’une manière aussi ignoble » !
Et d’ajouter « qu’il n’a jamais vu un président traiter son peuple d’une manière aussi ignoble. Ce que nous vivons actuellement est juste un mensonge. Nous ne sommes pas face à un référendum, ni dans la forme, ni par rapport à l’expérience tunisienne », a-t-il indiqué en substance dans la mesure où ce texte va régir la vie des Tunisies dès la fermeture des bureaux de vote, comme l’indique le dernier article 139 du projet. C’est toujours, « du jamais vu » selon les dires de Belaïd. Et de cinq !…
Pour le « Doyen », est-il alors utile d’aller voter puisque le projet de constitution va passer sans proclamation des résultats et sans comptage des « oui » et des « non ». Ce qui a été interprété par les observateurs comme étant une manière indirecte d’appeler au boycott par Sadok Belaïd. Et c’est bien la dernière chose à laquelle les Tunisiens et les juristes s’attendaient.
C’est, donc, pour toutes ces raisons, que Sadok Belaïd parvient à cette conclusion qu’il estime logique.
D’ailleurs, nombreuses sont les parties qui crient leur orientation pour cette option face à ceux qui persistent à dire qu’il ne faut pas boycotter le processus et qu’il faut aller voter par « non ». Sans oublier les inconditionnels de Saïed qui appellent à aller voter massivement par un « oui ».
Silence curieux de l’UGTT et de son S.G.
Le point d’interrogation demeure, selon les observateurs, la position de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui laisse la liberté de choisir à ses adhérents entre le boycott et la participation au vote par oui ou non ?
Ceci est considéré comme une « abdication » et un abandon de toute velléité alors que la Centrale syndicale s’est toujours présentée comme étant partie intégrante de la bataille qui se déroule sur la scène en ces moments précis.
Plus étonnant encore est le silence observé par l’UGTT qui s’est toujours targuée d’avoir le droit et le devoir de jouer son rôle politique dans la vie nationale, alors que depuis le lancement de cette bataille du referendum, Noureddine Tabboubi s’est illustré par l’absence de toute explication du pourquoi d’une pareille position et non pas une autre…