Hier, le Président de la République Kais Saied a reçu la Cheffe du gouvernement Najla Bouden qui lui a présenté les conclusions de l’audit mené sur les prêts et les dons accordés à l’Etat et aux établissements publics tunisiens au cours des dix dernières années. Des défaillances ont pu être constatées, faisant parfois supporter au budget de l’Etat des intérêts et des pertes de change injustifiées. Le Président a précisé que cette situation ne peut pas perdurer et qu’il convient d’y mettre un terme.
Les chiffres
Nous ne disposons pas encore de ces rapports, mais nous allons essayer de reconstituer les chiffres à partir des documents disponibles pour la période 2011-2021.Il s’avère que sur cette période, les dettes extérieures que nous avons obtenues ont totalisé l’équivalent de 56 552 MTND, ce qui n’est pas rien. Les sommes affectées à l’appui budgétaire étaient de 31 102 MTND, alors que celles allouées aux projets de l’Etat et aux entreprises publiques se sont respectivement établies à 7 623 MTND et 1 845 MTND.
Nos remboursements du principal des crédits extérieurs sur la même période ont été de 31 762 MTND. En net, le pays a donc eu 24 790 MTND. En termes d’intérêts payés au titre de dettes extérieures sur la période, la Tunisie a remboursé 10 802 MTND.
Les pertes de change, pointées par le Président, ont totalisé 19 828 MTND. Toutefois, nous devons comprendre que ces pertes n’ont pas été totalement décaissées. En fait, il s’agit de l’effet de l’évolution du taux de change sur l’encours de la dette qui n’est pas intégralement remboursé durant la période. Il faut donc relativiser l’impact de la dépréciation du dinar et le chiffre n’est qu’un indicateur sur la tendance et l’ampleur de ce facteur.
Les solutions
Maintenant, quelles sont les solutions envisageables pour que cela ne se reproduise plus ? Cela passe essentiellement par une politique de couverture contre les risques de change. Mais il faut comprendre que parfois, cela pourrait se solder par des pertes. Qui pensait que l’Euro va reculer autant face au billet vert cette année ? Si les autorités monétaires avaient acheté l’Euro fin 2021 en avance, des pertes auraient été encaissées et vous pouvez imaginer les réactions aujourd’hui.
L’initiative est à appréciée car elle peut contribuer à l’amélioration de la gouvernance publique. En fin de compte, c’est le contribuable qui supportera les conséquences de toute mauvaise gestion. Cependant, il n’aura pas d’impact sur le respect de la Tunisie de ses engagements envers ses créanciers. Le pays continuera à payer ses dettes et les pertes supportées ont une origine interne.