Après les vagues de famine à la suite de la crise financière de 2008, la hausse exorbitante des prix. Après les importantes crises politiques et financières dans certains pays africains comme la Tunisie, l’Egypte et la Libye. Puis à nouveau une autre montée des prix dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui, le continent est confronté à de nouveaux défis économiques et sociaux, en raison de la guerre entre l’Ukraine et la Russie.
Cette guerre provoque également des tensions sur les prix. Suscitant la crainte de voir empirer le niveau de pauvreté sur tout le continent. Dépassant les 100 dollars le baril, le prix mondial de l’or noir enregistre son record décennal dès le début de la guerre. Augmentant ainsi considérablement le prix du carburant et des matières premières et aggravant les coûts de production.
Le Nigeria, premier producteur de pétrole et première économie d’Afrique, est vulnérable comme tous les autres pays africains. Sa capacité de raffinage insuffisante qui l’oblige à importer la majorité de son carburant, rend son marché intérieur en pénurie.
Plusieurs compagnies aériennes africaines ont officiellement déclaré qu’elles annulaient plusieurs vols faute de carburant.
A part les hydrocarbures, la préoccupation touche aussi au problème de la sécurité alimentaire. Et ce, du fait que l’Ukraine et la Russie sont les principaux fournisseurs de blé et de céréales de l’Afrique.
La poursuite de la guerre entraînera, selon les Nations unies, une augmentation du prix du blé de 22%. Ainsi, la Somalie, le Bénin, l’Egypte, le Soudan, le Sénégal, le Nigeria, la Tanzanie et beaucoup d’autres pays africains qui sont très tributaires du blé russe et ukrainien (UNCTADSTAT Database), sont menacés. Et ce, par des situations de tensions qui pourraient encore alourdir le coût des denrées alimentaires.
Déjà aujourd’hui, plusieurs pays africains connaissent des pénuries de produits alimentaires de base tels que la semoule, le sucre, le riz et la farine. D’une manière générale, les perspectives sont loin d’être optimistes… Des scénarios de crise sociale et politique sont possibles.
Néanmoins, il y a de l’espoir pour certains pays africains de tirer leur épingle du jeu.
« Déjà aujourd’hui, plusieurs pays africains connaissent des pénuries de produits alimentaires de base tels que la semoule, le sucre, le riz et la farine »
Face à l’engagement de l’Union Européenne en matière de réduction de sa dépendance à l’égard des approvisionnements en gaz russe, on s’intéresse davantage aux pays africains qui disposent déjà des ressources nécessaires pour le remplacer.
Ainsi, l’Algérie, le premier exportateur de gaz naturel de la région, a signé un nouvel accord de fourniture de gaz avec l’Italie (2ème importateur européen de gaz en provenance de la Russie). Et ce, afin d’augmenter les exportations de gaz d’environ 40 %.
Les ministres italiens se sont également entretenus avec l’Angola. Et ils sont en train d’étudier les perspectives ouvertes par le Mozambique pour sortir de sa dépendance envers la Russie d’ici la mi-2023.
De même, le Nigeria ne cesse de recevoir des sollicitations de gaz de la part des pays européens depuis le début de la guerre. Actuellement, l’Espagne, le Portugal et la France sont les seuls marchés de destination du gaz naturel liquéfié du Nigeria. Sachant que le pays ne peut qu’honorer les contrats déjà signés en raison du déclin des puits de gaz, du manque de financement des activités en amont. Ainsi que de plusieurs autres problèmes qui entravent l’augmentation de sa capacité de production.
En revanche, devant l’envolée des prix des hydrocarbures en provenance de Russie, l’Algérie, la Libye et le Nigeria, principaux producteurs d’hydrocarbures sur le continent, sont susceptibles de bénéficier d’une croissance importante de leurs revenus.
Hormis ces trois pays, certains autres comptent attirer les importateurs européens. On trouve par exemple l’Angola, l’Égypte, la République du Congo, le Gabon, le Ghana, la Guinée équatoriale et le Tchad.
En résumé, cette guerre est lourde de conséquences sur le continent africain. Mais tous les pays ne subissent pas ses retombées de la même manière. Il y a ceux qui en souffrent et ceux qui en bénéficient.