Le docteur Ahmed Mahfoudh, décédé récemment, il était un homme d’exception. D’origine modeste, ce dermatologue de renom a consacré sa vie au service d’autrui. Inculquant sa bonté naturelle à ses enfants.
A son enterrement, le 21 août 2022, au cimetière d’El Jallaz, à Tunis, il y avait évidemment les membres de sa famille, nombre de ses confrères médecins et des amis. Il y avait aussi d’humbles personnes qui ont approché à un moment de leur vie Ahmed Mahfoudh.
Car le docteur Ahmed Mahfoudh a toujours été proche des gens. Dans les alentours de son cabinet et aux îles Kerkennah notamment, où il est né en 1941, on appréciait beaucoup cet homme cultivé qui savait parler à tout le monde et séduire plus d’un par sa bonté.
« Combattre la pauvreté »
Son origine modeste y était sans doute pour beaucoup. Né à Al Ramla, village kerkenien, il a perdu son père bien avant sa naissance et sa mère quelques mois seulement après celle-ci. Son environnement était celui des gens du peuple. Qu’il a toujours aimé et voulu servir. Le choix de faire médecine après son baccalauréat, qu’il a obtenu avec une bonne moyenne, et donc avec une bourse en France, n’est pas de cet fait fortuit. « Il voulait consacrer sa vie en fait à combattre la pauvreté », témoigne son fils aîné Mehdi.
Rentré en Tunisie, après des études de médecine à Montpellier, où il s’est spécialisé en dermatologie, il intègre l’Hôpital Habib Thameur. Il fut, ainsi, un des premiers de cette spécialité en Tunisie. Se mettant au service de ses patients tout le long de l’exercice de son métier, il consacrait toujours du temps, même lorsqu’il est devenu plus tard médecin de libre pratique, à donner des cours de soutien –gratuitement- à ses patients et à leurs enfants. Il avait du reste fait cela lorsqu’il était élève ou encore étudiant. « Il était », raconte son fils Mehdi, « très doué pour les mathématiques et les sciences d’une manière générale ».
Toujours dans ce même ordre d’idée, il n’était pas rare qu’il ne prenne pas d’argent à ses patients. Comme il disposait de beaucoup d’échantillons gratuits de médicaments qu’il aimait offrir à certains d’entre eux. Il avait inculqué cette règle à ses trois enfants médecins.
Le don de soi
Rien d’étonnant, à ce propos, qu’il ait eu toujours le cœur pour ainsi dire à gauche. Militant de la première heure de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET), il a présidé le Congrès de Korba, tenu en août 1971, qui est resté dans les annales de cette institution et qui a marqué l’histoire du mouvement estudiantin tunisien.
Son épouse Mounira, professeur d’économie, est également une militante de gauche (Parti Communiste Tunisie). Une femme juste et distinguée, née Fenniche, donc kerkenienne pur jus, qui a élevé, avec son défunt époux, Ahmed Mahfoudh, leurs enfants, tous trois donc médecins (Mehdi, Anis et Slim), dans les valeurs du don de soi.
Mehdi est médecin généraliste, Anis est dermatologue, comme son père avec lequel il partage son cabinet, et Slim est hématologue, médecin spécialiste des maladies du sang et des organes hématopoïétiques, à l’Hôpital militaire de Tunis.
A tous trois, comme à leur mère, Mounira, vont évidemment, en ces moment difficiles, toutes nos pensées.