Un fâcheux incident est survenu, mardi 23 août 2022, à l’aéroport de Tunis-Carthage. En effet, les membres d’une délégation d’ingénieurs et de hauts cadres de l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise (Jaxa), la troisième plus grande agence spatiale du monde, et des représentants du Bureau des affaires spatiales des Nations unies (UNOOSA), ont dû subir les pires désagréments.
Ainsi, les membres de la délégation de l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise ont fait l’objet, selon le président de la « Tunisian Space Association », Ahmed Fadhel, d’un interrogatoire en règle. Il a été aussi long que serré, durant deux bonnes heures. Les agents des services de douane et de sécurité de l’aéroport le menant.
Motif: les services de sécurité croyaient être tombés sur une spectaculaire affaire d’espionnage. Et ce, à cause de l’existence d’une simple maquette d’un satellite. D’où leur insistance à retenir les membres de ladite délégation japonaise. Ces derniers n’ont pu être libérés et autorisés à quitter l’aéroport qu’après les interventions de hauts responsables du pays.
Les soupçons d’espionnages sont-ils fiables?
Alors, deux questions principales se posent avec acuité. Tout d’abord, qui a pris la décision de retenir et d’interroger nos hôtes japonais venus dans le cadre de la TICAD 8?
Ensuite, les premiers responsables au ministère de l’Intérieur ont-ils été mis au courant avant de prendre la décision?
En tout état de cause, le mal est fait. Puisque l’incident a déjà fait le tour de la toile. Les réseaux sociaux et les médias se relayant pour le reprendre. Tout en espérant qu’on puisse éviter l’incident diplomatique. Dans le sens où on ne badine pas avec le sérieux et la rigueur des Japonais…
Par ailleurs, cette affaire nous renvoie à une autre bavure sécuritaire. Celle-là survenait le 26 mars 2019, sous le règne de Youssef Chahed. Celui-ci détenait à l’époque tous les pouvoirs; alors que feu Béji Caïd Essebsi était déjà sur le déclin.
« Deux principales questions se posent avec acuité: qui a pris la décision de retenir et d’interroger nos hôtes japonais venus dans le cadre de la TICAD 8? Et les premiers responsables au ministère de l’Intérieur ont-ils été mis au courant avant de prendre la décision? »
En effet, il s’agit de l’affaire relative à Moncef Kartas. Ce haut fonctionnaire onusien tuniso-allemand. Il avait la charge, octroyée par le secrétaire général de l’ONU, de Procureur enquêteur auprès du Conseil de sécurité des Nations unies. Il fut arrêté, dans la soirée du 26 mars 2019, à sa sortie de l’aéroport international Tunis-Carthage par une douzaine de personnes en tenue civile. Lesquelles se présentaient comme étant des agents des services de sécurité. Et après avoir été conduit à El Aouina, il était transféré à la Brigade d’El Gorjani.
Pourtant, chargé d’enquêter sur les passages illégaux d’armes entre la Tunisie et la Libye, cet expert tunisien, muni d’un passeport diplomatique, se trouvait en mission officielle en Tunisie. Il fallait tirer les enseignements de l’affaire Moncef Kartas…
Tirer les enseignements des incidents précédents
Sans revenir aux détails qui ont failli coûter à la Tunisie son mandat de deux ans en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité; il est utile de rappeler que les points de similitude s’arrêtent au volet du présumé soupçon d’espionnage. Dans le sens où nous mettons l’incident avec les Japonais sous le coup de l’erreur et de la bonne foi.
Mais bon à souligner l’absence de toute communication officielle de la part du ministère de l’Intérieur sur cette affaire qui a déjà fait « couler beaucoup d’encre ».