Même si l’économie de la Turquie a continué de se développer au deuxième trimestre, la part des paiements aux employés est tombée à son plus bas niveau depuis l’arrivée au pouvoir du parti d’Erdogan il y a deux décennies.
À moins d’un an des scrutins présidentiels et parlementaires, le gouvernement turc a misé sur la croissance pour contenir les griefs populaires. Mais l’inflation galopante et la crise des devises étrangères aggravent la pauvreté en Turquie.
D’ailleurs, les prix à la consommation en Turquie ont augmenté de 1,46% de juillet à août. C’est ce que confirment des données officielles publiées lundi 5 septembre. L’inflation annuelle atteignant un sommet en 24 ans de 80,21%.
L’inflation a grimpé en flèche depuis septembre 2021. Au milieu de la chute de la livre turque, alimentée par des baisses de taux peu orthodoxes de la banque centrale. La flambée des prix mondiaux de l’énergie et des matières premières après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février n’a fait qu’empirer les choses.
Evoquant de nouvelles pressions inflationnistes, les autorités turques ont annoncé le 1er septembre de nouvelles hausses des prix du gaz et de l’électricité, d’environ 20% pour les ménages et d’environ 50% pour les entreprises.
Les dépenses énergétiques constituent un poste important dans la catégorie habitation du panier d’inflation, dont les prix ont augmenté de 2% en août. Portant de ce fait le rythme annuel à près de 72%.
Les prix des denrées alimentaires ont augmenté d’environ 0,9% en août. Tandis que l’inflation annuelle des denrées alimentaires atteignait 90,3%. Le prix du pain à lui seul- un aliment de base indispensable pour les consommateurs à faible revenu- a augmenté de plus de 101% sur un an.
Sous l’effet de la haute saison touristique, les prix dans le groupe des hôtels, cafés et restaurants ont augmenté d’environ 3,3% en août. Alors que le taux annuel grimpe à près de 81%.
Et avec l’avènement de la rentrée scolaire, les prix dans le groupe éducation ont bondi de 6,5% en août. Dans le groupe de la santé, les augmentations de prix ont atteint 7%.
Signe supplémentaire de nouvelles hausses des prix à la consommation en septembre et les mois suivants, le rythme des prix à la production est resté plus rapide. Une augmentation mensuelle de 2,4% en août a porté l’inflation annuelle des producteurs au taux effarant de près de 144%.
Les classes ouvrières peuvent difficilement faire face à une inflation dépassant les 80%. Car les augmentations de salaire ostensibles sont bien en retard par rapport aux augmentations de prix. Avec la fonte des revenus réels, la pauvreté relative s’aggrave. Une tendance qui est confirmée par les dernières données sur le produit intérieur brut (PIB) publiées le 31 août.
Turquie: une situation qui n’est guère réjouissante
Toutefois, les ambitions du président Recep Tayyip Erdogan de maintenir l’économie au chaud malgré l’inflation galopante se sont traduites par une croissance du PIB de 7,5% au premier semestre. Le PIB de la Turquie avait augmenté de 11,4% en 2021. Pourtant, les facteurs qui ont contribué à cette expansion ne sont guère durables.
En effet, la croissance du PIB a été obtenue principalement grâce à des exportations moins chères et à une ruée vers les biens parmi les consommateurs qui se bousculent pour protéger leur épargne contre l’inflation.
Au milieu de la chute continue de la livre turque et de l’incertitude causée par les interventions d’Ankara pour maîtriser les prix des devises étrangères, de nombreux détenteurs d’épargne ont choisi de placer leur argent dans des maisons, des voitures et des biens ménagers durables. Cette tendance à la consommation fondée sur l’appréhension a fourni des vents contraires aux secteurs de l’industrie et des services. En outre, la compétitivité des exportateurs turcs a augmenté en raison de la dépréciation de la lire. Mais l’inflation qui l’accompagne, associée à un déficit alarmant du compte courant et aux déficits du Trésor, assombrissent les espoirs de maintenir ce rythme de croissance pendant le reste de l’année.