Avec le nouvel amendement de la loi électorale, on se demande si le processus démocratique ne va pas être entravé. Quelle est la position d’Al Massar dans ce contexte?
Faouzi Charfi, le secrétaire général du parti Al Massar, nous livre sa première lecture après la publication de la loi électorale au JORT. Il revient sur la forme, en soulignant que le président de la République annonce la promulgation de la loi électorale à une heure tardive comme à son habitude, lors de ses différentes allocutions, à 23h00« .
Outre la forme soulevée, Faouzi Charfi met l’accent sur le fond de cette loi, notamment la question du scrutin. Ainsi, il précise qu’il n’y aura plus un scrutin de listes, mais un scrutin nominal à deux tours. Il en va de même de l’absence de la représentativité féminine. Ce qui veut dire que la parité est tout à fait ignorée. Même cas pour les Tunisiens binationaux qui se retrouvent eux aussi exclus ».
Avant d’ajouter: « Les conditions de candidature imposent la légalisation de plus de 400 candidatures au niveau des municipalités. Ce qui va réactiver le sentiment d’appartenance aux clans. De ce fait, les contrebandiers vont pouvoir influencer les personnes qui vont se présenter. »
Par ailleurs, Faouzi Charfi estime que le principe des élections est de légiférer dans l’ensemble du territoire tunisien. En revanche, avec ce mode de scrutin, le pouvoir législatif sera affaibli. Tout cela aboutira à une assemblée morcelée, affaiblie, éparpillée sans un véritable bloc politique, perdant tout pouvoir de contrôle pour pouvoir légiférer », martèle-t-il.
En outre, le secrétaire général d’Al Massar souligne que Kaïs Saïed a voulu envoyer un message aux instances internationales pour leur montrer qu’il y aura des élections législatives, sauf qu’il a omis de mentionner que « le prochain Parlement n’aura pas de représentation féminine ni politique ».
Enfin, la question est de savoir si le parti Al Massar participera aux élections législatives. A cette interrogation, Faouzi Charfi a répondu comme suit: « Le parti n’a pas encore pris de décision. Cela n’empêche que nous ne resterons pas les bras croisés. Nous tenterons de coordonner avec les autres partis politiques ayant la même orientation politique, pour qu’on puisse prendre une décision éclairée vis-à-vis de la participation ou non. Car nous ignorons à ce jour si ces élections vont dans le sens du processus démocratique. Ce dont je doute fort. »