Selon le bulletin de conjoncture publié par la Banque mondiale, en Tunisie, les subventions additionnelles peuvent coûter 3,3% du PIB en 2022. Le pays subventionne essentiellement les produits alimentaires et énergétiques. L’objectif étant la protection du pouvoir d’achat des consommateurs en contrôlant les prix.
Toutefois, l’Etat se trouve confronté à des déficits (budgétaire, commercial et alimentaire). Pour y faire face et minimiser les subventions additionnelles, les autorités ont procédé à des ajustements des prix des hydrocarbures.
En Tunisie, les prévisions 2022 de l’énergie sont fondées sur les hypothèses de la loi de finances 2022. Laquelle prévoit l’élasticité des subventions énergétiques par rapport au prix du pétrole. C’est-à-dire 137 millions de dinars supplémentaires pour chaque augmentation de 1 dollar du prix international du pétrole. Et par rapport au taux de change du dollar, soit 40 millions de dinars supplémentaires pour chaque dépréciation de 10 millimes.
A cet égard, notons que la loi de finances 2022 suppose un prix international de 75 dollars/baril. Les prévisions 2022 des subventions alimentaires sont basées sur les estimations des subventions de la loi de finances 2022. Celle-ci prévoit un prix du blé tendre et blé dur qui avait cours en novembre 2021. Mais le hausse du prix international du blé tendre et blé dur des cinq premiers mois de 2022 a faussé les estimations.
A l’écriture de ces lignes, le gouvernement n’a pas augmenté les prix des produits céréaliers comme le pain, les pâtes et le couscous. C’est-à-dire que la subvention de ces produits va augmenter et pourrait dépasser les prévisions initiales.
La vérité des prix
Avec un budget prévisionnel des subventions de carburant calculé sur la base du prix du baril de 75 dollars/baril, un prix qui est actuellement en dessous du prix sur le marché international, le gouvernement s’est trouvé obligé à faire des ajustements du prix du carburant.
Ainsi, le gouvernement a décidé ces derniers jours, juste après la signature d’un accord avec la centrale syndicale sur les augmentations salariales, une quatrième augmentation des prix du carburant. De ce fait, l’Essence sans plomb augmente de +3,04%; le Gasoil ordinaire (+3,91%); et le Gasoil sans souffre (3,48%). Et ce, après celles de janvier, février et avril. Il augmente aussi pour la première fois depuis 2011, le prix des bouteilles de gaz. Ces dernières n’étaient pas initialement concernées par les ajustements des prix. Elles passent désormais de 7800 à 8800 dinars la bouteille (+14%).
En outre, notons qu’un arrêté publié en 2021 permet et limite chaque ajustement du prix du carburant à 5%. Mais si on compare les prix actuels au niveau des prix de septembre 2021, ils ont augmenté de: 14,5% pour l’essence SP; 15,88% pour le Gasoil ordinaire; et de 15,23% pour le Gasoil sans souffre.
Est-ce que l’Etat subventionne réellement le carburant au niveau des montants alloués et déclarés? Et ce, si on comptabilise les droits, taxes et diverses marges. Comment le gouvernement compte-t-il procéder pour protéger le pouvoir d’achat si les prix internationaux des céréales et de carburant continuent d’augmenter? Surtout qu’aucun accord ne sera signé avec les partenaires sociaux d’ici 2025.