Sonnés, les Tunisiens se sont réveillés ce matin avec la gueule de bois. Hymne auriverde copieusement sifflé, actes abjects de racisme primaire, Neymar bêtement agressé. Quelle image de la Tunisie avons-nous donné aux millions de téléspectateurs qui suivaient hier soir un simple match amical entre le Brésil et la Tunis servant de préparation au Mondial au Qatar? Un gâchis.
Pourtant, ce n’était qu’un match de prestige, une simple rencontre amicale entre la Tunisie et le Brésil. En effet, il devait permettre aux sélectionneurs des deux équipes de mieux « serrer les boulons ». Et ce, avant le démarrage de la Coupe du monde qui aura lieu au Qatar du 21 novembre au 18 décembre 2022.
Agressivité excessive
Certes, les Aigles de Carthage se sont inclinés hier mardi au Parc des Princes devant le géant brésilien, par le score fleuve de 5-1. Celui-ci étant le grand favori de la prochaine compétition.
Mais, comment expliquer cette somme de tension, de nervosité et d’agressivité aussi bien dans les gradins que sur le carré vert? Est-ce le déséquilibre flagrant entre les deux formations qui ne jouent évidemment pas dans la même catégorie? La peur d’un score humiliant face au quintuple champion du monde? Ou plutôt l’expression du malaise profond de tout un peuple et sa diaspora qui s’est cristallisé dans ce match qu’on annonçait festif?
Sinon comment expliquer qu’à l’instar de ses coéquipiers visiblement tendus comme un arc, le défenseur Aïssa Laïdouni, d’habitude calme, concède un penalty tout à fait évitable (28e). Alors que Dylan Bronn agresse gratuitement Neymar et se fait expulser à juste titre (42e). « Il y avait une très belle ambiance. Mais on a peut-être été trop agressifs, on a perdu nos nerfs », avoue le milieu Ellyes Skhiri.
Autre temps, autre lieu. A l’opposé de l’attitude du public tunisien, l’accueil fut meilleur pour la Seleçao, vendredi dernier au Havre, pour son premier match face au Ghana. Le public réservait notamment une longue ovation à Neymar à l’annonce de son nom, avant même le début du match, et fêtait longuement les trois buts brésiliens. Pourtant le Ghana était surclassé par 3 à 0.
Inexcusable
Et que dire de 48 000 spectateurs, largement acquis à la cause des Aigles de Carthage et arrivés très tôt au stade?
Malheureusement, dès l’entame de la rencontre, l’hymne brésilien fut conspué. De même que des bouteilles et des gobelets atterrissaient sur la pelouse en seconde période, quand Neymar s’approchait pour tirer les corners. Des fumigènes ont été allumés et avec des lasers, certains ont tenté de perturber les Brésiliens. Ce qui incita l’arbitre français à interrompre le match. Le temps de passer une annonce au sujet des lasers visant les visages des joueurs brésiliens.
Quant à Richarlison, il a été visé après son but de la 19e par une banane. La Fédération brésilienne évoquant « un jet de banane à caractère raciste ». Un « geste d’une autre époque », renchérit Thiago Silva. Déplorable!
Démonstration de force du Brésil
Mais revenons à la rencontre pour constater qu’au-delà des débordements fort regrettables, à la mi-temps, le favori de la prochaine Coupe du monde menait très largement (4-1). Le Brésil ajoutant même un 5ème but ultérieurement, après un festival offensif.
Ainsi, le joueur du Barça Raphinha, lancé par Casemiro, lobait dès la 11e minute le portier tunisien Dahmen d’une d’une tête rentrante (1-0).
Quelques minutes plus tard, le stade s’enflamma suite à l’égalisation par Talbi, défenseur central de Lorient. Puisque ce dernier, suite à un coup de pied arrêté fusillait d’un coup de tête rageur le gardien brésilien (1-1, 18e). Mais la joie du public fut de courte durée puisqu’une minute plus tard, Raphinha lançait Richarlison à la limite du hors-jeu. Sur un magistral contrôle de balle dont seuls les joueurs brésiliens connaissent le secret, l’attaquant de Tottenham crucifiait Dahmen (2-1, 19e).
Alors, la rencontre se transforma en match d’exhibition de la part de la Seleçao. Casemiro se faisait accrocher par Laïdouni dans la surface, sur corner, Neymar à sa manière, feintait le porteur tunisien (3-1, 29e).
Pourtant, Dahmen ne déméritait pas dans les cages. Mais il ne pouvait rien faire sur une frappe imparable de Raphinha, encore lui; après une belle action collective des Auriverde pour la conclusion (4-1, 40e).
Les Tunisiens abordaient donc la seconde mi-temps en infériorité numérique et avec un retard de trois buts. L’intensité était retombée au Parc, les joueurs du Brésil faisant tourner le ballon dans un match qui tournait à la démonstration. Pourtant, avec l’entrée de Wahbi Khari, les Aigles de Carthage se sont montrés plus dangereux lors du deuxième acte. Avant d’être cueillis à froid par un 5ème but signé par Pedro à la 74′ minute.
La hiérarchie est ainsi respectée.