Les mouvements des cours de l’or noir ne vont pas se calmer à court, voire à moyen terme. Depuis le déclenchement de la crise ukrainienne, les pays exportateurs de pétrole souffrent. Les économies à faible et moyen revenu n’ont plus les moyens de subventionner et les populations des pays développés ne peuvent plus affronter les factures d’électricité salées.
La nouveauté est qu’une alliance de certains des producteurs clés les plus puissants du monde envisagerait de procéder, cette semaine, à la plus grande réduction de la production depuis le début 2019. Il s’agit d’une mesure historique qui pourrait faire remonter les prix à trois chiffres.
L’OPEP+ se réunira à Vienne demain, mercredi, pour décider de la prochaine phase de la politique de production. Le cartel pétrolier compterait procéder à une réduction de son offre de plus d’un million de barils par jour.
Même si l’historique montre que le nombre réel de barils retirés du marché serait d’à peine 500 000, cela est suffisant pour soutenir le marché à court terme. Les contrats à terme sur le Brent ont ouvert ce matin à plus de 89 dollars, en attendant le retour à 100 dollars vers la fin de l’année.
Pour rappel, début septembre, l’OPEP a surpris les marchés. Elle a annoncé une petite réduction de la production de pétrole de 100 000 barils par jour.
Problème de quotas
Le message de l’OPEP+ est clair: son soutien des prix ne se fera pas aux alentours des 60 dollars le baril. Il se produira à un niveau beaucoup plus élevé. Ils sont moins préoccupés par la demande.
En effet, la véritable inquiétude est de savoir comment les risques de récession vont alimenter les craintes de la demande. Le mois dernier, les prix du pétrole ont baissé au plus bas niveau depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février.
Actuellement, l’OPEP+ se bat pour produire réellement les niveaux de quotas qu’elle avait convenus. Une révision de la production doit être suivie par une modification du système de quotas pour que la décision soit réellement observée sur le marché. C’est probablement le principal objet de la réunion de Vienne.
Facteurs liés à l’offre
En plus d’une réduction de la production, d’autres facteurs liés à l’offre pourront soutenir les prix du pétrole au cours des prochaines semaines. Il y a les sanctions européennes sur la Russie qui entrent en vigueur vers la fin de l’année, et l’interdiction des importations pourrait exacerber les inquiétudes concernant un marché de l’énergie déjà tendu.
L’intensité du recours à la réserve stratégique de pétrole par les États-Unis au-delà du mois de novembre est également décisive. Le ministère américain de l’énergie a annoncé qu’il vendrait jusqu’à 10 millions de barils de pétrole provenant de sa réserve pour couvrir les livraisons de novembre.
Bien que la question soit compliquée, les Tunisiens ont intérêt à suivre ces évolutions. Car il aura un impact direct sur leur pouvoir d’achat. Certes, la rapidité de la levée des subventions dépendra des cours sur les marchés.
D’ailleurs, la construction d’un budget sur la base d’un baril à 100 dollars n’est pas un exercice facile. Car il faudra doper les ressources et donc resserrer davantage la politique fiscale.