Le monde connaît aujourd’hui des tensions mondiales. Ainsi, après la crise de la pandémie, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, s’ajoute une guerre froide entre les USA et la Chine. Mais face à ces mutations, quelle est la position de la diplomatie tunisienne? Et ce, depuis la Lettre de la commission des affaires étrangères du Sénat américain au ministre des Affaires étrangères qui demande de conditionner l’aide du G7 à la Tunisie.
Youssef Cherif, analyste politique et relations internationales, revient sur la Lettre de la commission des affaires étrangères du Sénat américain au ministre des Affaires étrangères qui demande de conditionner l’aide du G7 à la Tunisie. Il s’exprimait sur les ondes d’Express fm, ce lundi 31 octobre 2022.
L’analyste politique estime que ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis donnent leur avis sur la situation en Tunisie. Tout en précisant à cet égard: « Il faut dire qu’une telle lettre met l’accent sur un changement important dans les relations tuniso-américaines qui ne sont pas au beau fixe. Ce qui laisse entendre un message fort auquel la diplomatie tunisienne n’a pas répondu. »
Il rappelle également que cette lettre n’a pas été diffusée via les réseaux sociaux, mais bel et bien sur le site de la commission des affaires étrangères du Sénat. Ce qui annonce donc une position officielle du Sénat par rapport à la situation en Tunisie.
50 % des aides américaines ont été réduites
En outre, il revient sur l’accord de prêt du FMI à la Tunisie, d’une valeur de 1,9 milliard de dollars. Tout en déclarant: « Cela pourrait changer le cours de change quant à l’obtention d’un prêt auprès du FMI ».
Et de poursuivre: « Il faut dire que 50 % d’aides américaines ont été réduites. Et ce, en raison de la pression américaine qui appelle à un retour du processus de la voie démocratique. »
Selon lui, la crise tuniso-américaine devient de plus en plus profonde. Et de préciser: « Il s’agit en effet de la première fois que cette crise perdure plus d’un an et demi entre les Etats-Unis et la Tunisie. Alors que les autres années c’était temporaire et cela ne dépassait pas quelques mois. »
Par ailleurs, il rappelle que la diplomatie tunisienne après l’indépendance a toujours eu une relation privilégiée avec les USA. De même qu’elle a toujours œuvré pour l’intérêt de la Tunisie, en ne s’immisçant guère entre les pays.
Puis, il revient sur les relations entre la Chine et les USA, et le jeu de ping pong auquel les deux pays se livrent. Autrement dit, une guerre froide, qui ne dit pas son nom, entre les USA et la Chine s’annonce.
Et de conclure : « La Tunisie ne devra en aucun cas prendre position. De plus, nous sommes dans une situation inédite en Tunisie où l’instabilité intérieure entraîne des conséquences sur la diplomatie tunisienne. Plus encore, il existerait un danger économique si les Américains et les Européens prenaient position contre la Tunisie. »