Le SG d’Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi qualifie la situation économique actuelle de « chaos total ». En fustigeant au passage la mauvaise gestion du gouvernement Bouden. Il estime toutefois que la Tunisie peut en partie s’en sortir. Et ce, à condition de retrouver un rythme normal de production de phosphate.
D’habitude, le secrétaire général d’Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi, affiche l’image d’un homme affable, à la parole mesurée mais qui ne craint pas de livrer le fond de sa pensée d’une manière franche et directe, parfois avec une certaine rudesse. Or, cette fois-ci, il montre un autre visage : celui d’un homme politique visiblement excédé par la manière dont le gouvernement Bouden gère l’étouffante crise économique. Sans omettre d’épingler sévèrement au passage la ministre des Finances, coupable à ses yeux de gérer son département « comme une épicerie ». Bigre!
« Chaos total »
Ainsi, qualifiant la situation économique actuelle de « chaos total », M. Abdelkefi avance que les chiffres du ministère des Finances « ne valent même plus zmam el attar, le carnet de comptes d’un épicier ».
« L’État tunisien dit avoir collecté 15 milliards de dinars jusqu’à septembre 2022 sur le marché local, et qu’on nous parle d’un excédent dans le budget de l’État au premier trimestre de 2022; alors que les entreprises publiques, l’Office des céréales, les boulangeries et la filière lait n’ont pas été remboursés jusqu’à ce jour ». C’est ce qu’il a déclaré lors de son passage hier mardi 1er novembre 2022, à la Matinale de Myriam Belkadhi sur Shems FM.
« Arrêtez de nous traiter comme des enfants »
Estimant que les chiffres que présente le ministère des Finances « ne signifient plus rien », le SG d’Afek Tounes, a critiqué « le silence assourdissant du gouvernement ». Appelant à l’occasion le gouvernement Bouden à révéler la réalité des finances publiques. Et ce, « en s’adressant directement au peuple tunisien pour lui dire la vérité ». Assurant ainsi que cette démarche représente « la première étape vers la réforme »
Il a appelé dans ce sens les responsables du pays, notamment le président de la République et la cheffe du gouvernement, à davantage de communication et de transparence. « Arrêtez de nous traiter comme des enfants! Nous sommes capables de comprendre ce qui se passe, peut-être même mieux que vous », s’est-il écrié.
La signature du Président exigée?
Puis il est revenu sur l’accord en voie de conclusion entre la Tunisie et le Fonds monétaire international « dont les détails demeurent méconnus », a-t-il fait observer. A cet égard, l’ancien ministre des Finances estime que c’est « une première » que le président de la République et la cheffe du gouvernement co-signent l’accord avec l’institution de Bretton Woods. Alors que d’ordinaire, ce sont le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale qui sont habilités à parapher ce document.
Le sang risque de couler dans les rues, si…
Par ailleurs, concernant la levée des subventions, une mesure consécutive aux accords avec les bailleurs de fonds, Fadhel Abdelkefi est d’avis que la suppression totale des subventions sur les produits de consommation de base serait suicidaire. Alors même que le salaire minimum garanti représente la modique somme de 450 dinars. « Si on continue d’aller dans cette voie, le sang coulera dans les rues », a-t-il solennellement averti.
Sur un autre volet, l’invité de la Matinale a prédit que la cession des entreprises publiques butera sur l’état de faillite dans lequel se trouvent ces entreprises. Aucune d’entre elles ne trouvera acquéreur « parce qu’elles sont toutes en faillite ». D’ailleurs, a-t-il ironisé, la Régie nationale des tabacs et des allumettes (RNTA) est « la seule société de tabac perdante dans le monde ». Un constat amer mais pertinent.
Et pourtant, les solutions existent
Alors, face à cette cascade de mauvaises nouvelles, y a-t-il une lueur d’espoir au bout du tunnel?
Affirmatif, argue l’invité de Mariem Belkhadi. Car, la Tunisie peut s’assurer des revenus supérieurs à ceux accordés par le FMI, « à condition que le pays retrouve son rythme normal de production de phosphate. »
Au temps de Mohamed Ghannouchi, le dernier Premier ministre de Ben Ali, a-t-il rappelé, la Tunisie produisait 8 millions de tonnes de phosphate. « Aujourd’hui la tonne se négocie à plus de 300 dollars sur le marché international ». Faites vos comptes!