La croissance économique dans la région de l’Afrique du Nord se situera au niveau de 4,5 % en 2022 et aux alentours de 4,2 % en 2023. C’est ce qu’indique l’économiste régionale pour l’Afrique du Nord à la Banque Africaine de Développement (BAD), Audrey Verdier-Chouchane. Et ce, mercredi, lors d’un webinaire, organisé par le Bureau régional de la BAD, à l’occasion de lancement de l’édition 2022 du rapport « Perspectives économiques en Afrique du Nord ».
Ce rapport est placé cette année sur le thème : « Soutenir la résilience climatique et une transition énergétique juste ». Il offre une vue d’ensemble des économies nord-africaines, en proposant une approche régionale du développement. Mme Chouchane a souligné que les économies nord-africaines font face, ces dernières années, à plusieurs difficultés. Avec notamment l’aggravation du déficit des comptes courants, dont la moyenne est estimée à 4,1 % dans la région. De même que celle du déficit budgétaire, notamment dans les pays où les produits alimentaires et énergétiques sont subventionnés par l’Etat, à l’instar de la Tunisie, l’Algérie et la Libye. Et ce, au vu de la flambée des prix de ces produits à l’échelle internationale.
Toutefois, l’économiste note que l’Afrique du Nord se présente comme la région la plus résiliente, dans le continent africain, face aux changements climatiques. Malgré le manque de financements alloués à cette problématique. « L’enveloppe mobilisée durant la période 2010-2020, au profit de la région pour faire face aux changements climatiques, n’a pas dépassé les 3,1 milliards de dollars ». Ainsi, précise Mme Chouchane, estimant que l’ensemble des besoins financiers pour la décennie 2020-2030 devra atteindre les 360 milliards de dinars.
De son côté, Emmanuel Pinto-Moreira, directeur des économistes-pays, fait savoir que l’Afrique fait face à trois grands défis. Il s’agit, primo, de l’inflation, qu’il a qualifiée de « phénomène mondial, engendré, essentiellement, par le dérangement de chaînes d’approvisionnement, durant la période de propagation de la pandémie, la guerre russo-ukrainienne qui a entraîné l’envolée des prix des céréales, la hausse de la demande globale dans les quatre coins du monde, et le cercle vicieux hausse des salaires- hausse des prix, qui s’est installé dans la majorité des pays ».
Secundo, il y a l’endettement, aggravé par les politiques budgétaires inadéquates adoptées par les gouvernements africains. « L’endettement a dépassé les 70 % du PIB global du continent en 2021 », a-t-il précisé. Tout en considérant que les mécanismes mis en place pour atténuer à cette situation, que ce soit à l’échelle locale ou mondiale, n’ont pas prouvé leur efficacité.
Tertio, il y a les changements climatiques, qui impactent de plus en plus le secteur agricole. Et ce, « bien que le continent ne soit responsable que de 4 % des émissions de carbone à l’échelle mondiale ».
Dans ce cadre, les deux responsables ont souligné l’impératif de mobiliser les moyens financiers nécessaires afin d’aider les pays africains à surmonter les répercussions des changements climatiques et à réussir une transition vers un nouveau modèle de développement durable. Et ce, en investissant davantage dans les énergies renouvelables (solaire, éolienne…).
Ils ont recommandé, aussi, de favoriser le développement du secteur privé. Afin d’assurer la relance de la croissance, qui demeure en berne, ces dernières années. Tout en favorisant la création de l’emploi, surtout au profit des jeunes diplômés. Par ailleurs, ils ont préconisé de mobiliser la dette pour financer les investissements productifs. Ce qui permettra d’impulser une croissance économique soutenable à long terme.
Avec TAP