Cette semaine a été marquée, comme à l’accoutumée, par une succession d’événements, malheureusement, aussi négatifs les uns que les autres.
Le pouvoir en place, détenu par une seule personne, continue à s’illustrer, par une gestion calamiteuse des dossiers socio-politico-économiques déjà mal gérés, mais il n’arrête pas à en créer plein d’autres problèmes portant préjudice à l’image de marque de la Tunisie au moment où elle a plus que jamais besoin d’être reluisante.
Il faut dire qu’au lieu de procéder à une étude et à une recherche rationnelle de solutions à partir de concertations et de dialogue groupant les experts et les spécialistes des questions socio-économiques, le chef de l’État persiste à ne voir que des « traîtres et de complots tramés dans les chambres noires » tout en criant cela haut et fort sans présenter la moindre preuve tangible.
Ceci donne le pays en triste spectacle devant la communauté internationale, présente en force chez nous. Et ce à l’occasion de la tenue du Sommet de la francophonie, les 19 et 20 novembre courant à Djerba. Qu’on en juge !…
La guerre est-elle lancée contre les médias ?
On citera, d’abord, la traduction, lundi dernier 14 novembre 2022, en justice de notre collègue, Nizar Bahloul, journaliste et directeur du site Business News, pour un article d’analyse et d’opinion, intitulé, « Nejla Bouden, la gentille women » et dans lequel il dresse le bilan qu’il juge négatif de la Cheffe du Gouvernement. Dans aucun passage dudit article, il n’a été question de diffamation ou de fausse nouvelle.
Pourtant, notre collègue a été interrogé par la Brigade criminelle d’El Gorjani sur la base du décret 54. C’est-à-dire qu’il est, théoriquement, passible d’une peine de 10 ans de prison et d’une amende de 50 mille dinars ! Ni plus, ni moins. Ce qui représente, de l’avis unanime, un danger réel pour les libertés publiques et celle de la presse. … Et d’un !
Fadhel Abdelkefi interdit de voyage : la vérité chez Riadh Jrad
Le lendemain, mardi 15 novembre 2022, Fadhel Abdelkefi, président du parti Afek Tounès et ancien ministre a été refoulé de l’aéroport de Tunis-Carthage alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays.
Motif, il est frappé d’une décision d’interdiction de voyage sans fournir davantage de précisions. Et s’il veut en avoir, il doit prendre attache avec le Tribunal de première instance de Tunis. Pourtant, la décision devait être motivée expressément, c’est-à-dire qu’une note écrite devait être remise à M. Abdelkefi.
Que nenni ! Plus encore. Ses avocats se sont rendus au Tribunal où on leur a signifié « qu’il n’y avait aucune trace concernant ladite interdiction».
Et dire que Riadh Jrad, le chroniqueur partant et revenant de la chaîne Attessiâ, confirme la décision d’interdiction tout en laissant entendre qu’elle était « justifiée ». Plus que bizarre… Et de deux !
Imbroglio entre l’ISIE et la HAICA
Sur le plan politique ; l’ISIE, dont 5 membres seulement continuent à siéger après avoir été directement nommés par Kaïs Saïed, n’arrête pas de commettre les gaffes et les erreurs.
Après les errements enregistrés lors de la publication des résultats du référendum pour la constitution, la même instance multiplie, encore, les décisions incompréhensibles concernant leur parution tardive au Journal officiel de la République Tunisienne dans le sens où elles datent de juillet de septembre sachant que l’une d’elles porte sur le référendum déjà voté et paru sur le JORT.
L’ISIE, encore elle avec sa nouvelle vedette, Maher Jedidi, vient de s’empêtrer les fils en affichant ses querelles avec la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) concernant la publication de la décision commune à propos de la couverture médiatique de la campagne électorale des prochaines législatives
Résultat : chacune des Instances fait, désormais bande à part et tente d’imposer ses textes mettant les médias dans l’embarras. Et ce à même pas un mois du scrutin du 17 décembre 2022. Et de trois !
Quel sort pour l’accord avec le FMI ?
Au niveau économique maintenant. Les responsables du Fonds monétaire international parlent d’un accord stipulant une levée progressive, voire plus rapide que prévue, des subventions des produits de consommation de base et une réforme socio-économique profonde avec notamment des privatisations de certaines entreprises publiques.
Ces affirmations vont dans le même sens que celles annoncées, plus discrètement, par des membres du gouvernement de Nejla Bouden. Mais le chef de l’État continue à assurer qu’il n’y aura pas de levée des subventions et que l’approche sociale restera de mise.
Mais tout le monde sait que la signature de cet accord par le Président Kaïs Saïed est exigée par le FMI. Alors, signera, signera pas ? Un grand point d’interrogation… Et de quatre !
Les habitants de Zarzis menacent de marcher sur Djerba
Sur le plan social, on citera la tension extrême régnant à Zarzis suite au naufrage de l’embarcation transportant des clandestins en partance pour l’Italie et dont les corps n’ont pas été retrouvés et dont certains auraient été enterrés comme étant d’origine inconnue.
Or, plus d’un mois après ce drame, aucun responsable gouvernemental ne s’est rendu sur les lieux pour compatir avec les habitants de la localité malgré leurs réclamations répétées.
D’ailleurs, les habitants de Zarzis, à quelques « pas » de l’île de Djerba menacent de « marcher à pied » sur Djerba. L’image serait alors plus que honteuse… Et de cinq !
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Les « comploteurs doivent être jetés dans la poubelle de l’histoire »
Non loin ; plus précisément la capitale du Sud, la grogne est à son comble suite à la dégradation de la situation environnementale due à l’entassement des déchets faisant de Sfax, une décharge géante à ciel ouvert !
Mais les autorités, aussi bien régionales que nationales, se trouvent aux abonnés absents. Ou plutôt, ils se sont distingués de la manière la plus négative puisque le gouverneur, Khaled Fakhfakh, a fait montre d’une attitude pour le moins incompréhensible.
Au moment où Sfax brûle et se retrouve submergée d’une fumée asphyxiante, ce gouverneur trouve le moyen d’accuser les activistes de la société civile de semeurs de troubles, notamment à travers le réseau de Facebook.
« Le chef de l’État est sûrement en train de m’écouter. Je lui demande vivement de fermer Facebook. Déjà que les radios attisent suffisamment les esprits », dit-il en substance.
» Ou pourquoi pas, dira t-il plus tard, mettre en place un Facebook tunisien » (prière de ne pas rigoler).
Or, au moment, où tous les gens sensés, s’attendaient à cet effet à une annonce présidentielle conséquente, Kaïs Saïed s’est « écrié contre les comploteurs qui doivent être jetés dans la poubelle de l’histoire… »
Que diront nos hôtes au sommet de la francophonie lorsqu’ils verront les fumées à partir de Djerba ? L’image sera hallucinante et difficile à admettre surtout lorsqu’ils apprendront les raisons de cette tragédie humaine et écologique… Et de six !
Autant de bavures et de contre performances se sont accumulées à un point tel que pour beaucoup de voix la responsabilité de Chef de l’État n’est plus ménagée.
Le phénomène « Wafa Chedly »
On ne peut terminer sans évoquer ce phénomène qu’est devenue l’avocate Wafa Chedly, extrêmement active, depuis quelque temps, sur Facebook. Mais ce qui attire l’attention, ce sont les informations qu’elle véhicule sur son compte. Et ce à travers des statuts écrits et audiovisuels.
Des statuts dans lesquels elle affirme détenir des informations contenues dans des dossiers dont elle a pu prendre connaissance. Ces informations concernent la traduction prochaine devant le Pôle judiciaire et financier de plusieurs personnalités politiques et juridiques.
On citera, notamment selon ses propres dires, Ahmed Souab, Abir Moussi, Samir Dilou, Wadiî El Jeri, Ghazi Chaouachi et bien d’autres. Toutes ces personnes de grosse pointure « seront convoqués prochainement, dit-elle, pour répondre de délits financiers portant sur des milliards et des milliards »…
Wafa Chedly prend, certes des réserves en précisant que c’est à la justice de trancher, mais il n’en demeure pas moins qu’elle fait mention d’accusations trop graves. Et c’est curieux et étonnant que des informations de la plus haute gravité soient lancées alors qu’elles peuvent tomber sous le coup de la loi conformément au décret 54…