Personne ne peut nier la montée exponentielle des affaires criminelles en Tunisie durant ces dernières années. Conséquence : une surpopulation carcérale qui a contribué à la dégradation des conditions de détention dans les prisons, mais aussi à une hausse des coûts supportés par le Ministère de la Justice qui gère ces prisons.
Il n’y a pas de statistiques récentes sur le nombre de prisonniers en Tunisie. Le dernier chiffre est celui de 2019 avec 55 000 détenus. Selon la Loi de Finances Rectificative 2022, les prisons et les centres de rééducation des délinquants mineurs ont coûté 39,545 MD, dont 30,426 MD pour les prisons.
La prison civile de Mornaguia consomme le plus de ressources, avec 6,708 MD. Elle devance de loin celle de Borj Erroumi (1,986 MD) et Borj El Amri (1,858 MD).
Mais ces montants engagés n’ont pas pris intégralement la forme de primes versés par l’Etat. Les ressources propres générées par ces établissements se sont établies à 5,413 MD. Le Ministère n’a donc supporté que 25,013 MD.
Pour alléger les charges et améliorer les conditions de détention, il faut appliquer davantage le régime de placement sous surveillance électronique en matière pénale et la peine de travail d’intérêt général. C’est surtout le cas pour les crimes économiques et financiers, où l’inculpé ne représente pas un danger pour la société.
Pour les autres, cela permettra d’assurer des conditions de détention respectueuses de la dignité et conformes aux règles d’hygiène.
Assouplir les verdicts en privilégiant la mise en liberté provisoire est dans l’intérêt de tous et qui doit se transformer en une politique de l’Etat. L’expérience tunisienne a toujours montré que l’incarcération a plus de probabilité de transformer un délinquant en un criminel qu’en un citoyen modèle.
Suivons donc le bon sens.