Aujourd’hui, les Banques centrales sont amenées à intégrer le changement climatique dans leurs exercices de prévisions et de stress testing.
Les dégâts des chocs climatiques (inondations, sècheresses, ouragans…) pèsent lourd sur le PIB, l’inflation et la stabilité financière. Des Banques centrales, soucieuses de la stabilité financière, doivent être en mesure de quantifier les dommages collatéraux des politiques publiques de transition écologique (sanctions des entreprises engagées dans le fossile, prix élevé du carbone …).
Pour accélérer le rythme de la transition écologique, les Banques centrales pourraient avoir recours à plusieurs instruments, tel que l’assouplissement des règles prudentielles, pour encourager le financement des projets verts. Elles pourraient aussi privilégier l’achat des obligations vertes (green bons) lors des opérations de prises en pension. Le Green quantitative easing est au menu pour épauler les politiques monétaires conventionnelles. Le Network for Greening the Financial System (NGFS) a été créé en décembre 2017 pour réunir les Banques centrales et les superviseurs du monde entier engagés dans le verdissement de la politique monétaire et des principes de supervision bancaire. A son début, l’initiative regroupait 8 Banques centrales. Aujourd’hui, le nombre atteint 121 membres et 19 observateurs.
En 2019, la Banque centrale de Tunisie a intégré ce réseau. A l’échelle des grandes Banques centrales, la Banque centrale européenne (BCE) et la Bank of England (BOE) ont une longueur d’avance sur la Federal Reserve (FED) américaine. Dans le monde émergent, une lenteur expliquée par une série de facteurs (contraintes budgétaires, comportement de « free riding », méfiance surtout chez les pays pétroliers, guerre de responsabilité dans la dégradation de l’environnement pays, biais en faveur des générations présentes, degré d’exposition au « risque physique »…) rend de plus en plus difficile la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris.
Le pari du verdissement des politiques monétaires et des règles de supervision bancaire est incontournable pour booster la transition écologique. Toutefois, la prudence est de mise, car le risque de greenwashing est énorme, surtout si la détermination des autorités monétaires des pays en développement n’est pas au rendez-vous pour imposer une discipline ferme à des secteurs bancaires le plus souvent gangrénés par les Non-performing loans et lourdement traversés par l’économie de rente.
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin N° 858- du 7 au 21 décembre 2022