La Chine reste une source majeure d’incertitude pour les perspectives de croissance mondiale. Après un effondrement de la demande et de l’activité au premier trimestre 2020, suite à l’épidémie initiale de Covid-19, la Chine a réalisé une impressionnante croissance du PIB de 18,3 % au pic de la reprise. Cette dynamique positive a duré de la mi-2020 à la mi-2021.
La Chine était alors la première et la seule grande économie à présenter une croissance positive du PIB en 2020, devançant de plusieurs trimestres les autres pays dans le cycle économique.
Néanmoins, au cours des derniers trimestres, des facteurs intérieurs ont contribué à un fort ralentissement économique en Chine. Ce ralentissement est dû à la politique du « zéro covid », qui a entraîné des fermetures dans les villes chinoises de niveau 1, des restrictions sur les prêts bancaires accordés au secteur immobilier surendetté et des mesures réglementaires agressives dans tous les secteurs. En conséquence, la croissance du PIB réel de la Chine au deuxième trimestre de 2022 a stagné, avec la pire performance économique depuis des décennies.
Croissance du PIB en Chine
(y/y, %)
Sources: Haver, analyse QNB
Malgré les défis susmentionnés, certains signes précurseurs laissaient penser que la Chine était sur le point de sortir de son récent déclin économique. Les responsables politiques chinois étaient de plus en plus préoccupés par le ralentissement économique et ont commencé à assouplir leur politique de manière plus agressive. Ces derniers mois, la Banque populaire de Chine (PBoC) a réduit les taux d’intérêt plus d’une fois pour plusieurs segments du marché, indiquant un approfondissement de sa « position dovish ». En outre, elle a commencé à augmenter les apports de liquidités par le biais d’opérations d’open market. Ces mesures ont été amplifiées par d’autres mesures politiques, telles que le soutien au crédit pour les secteurs clés, les prêts subventionnés, les investissements dans les infrastructures et d’autres mesures ciblées.
L’impulsion donnée par des politiques plus accommodantes a soutenu une modeste reprise au trimestre dernier, lorsque le PIB du pays a progressé à un taux plus normal de 4 %, dépassant les attentes des analystes. Les perspectives s’éclaircissaient, car l’économie devait continuer à s’accélérer grâce à une période post-Congrès national marquée par un regain de priorités en matière d’investissements nationaux et de redistribution des revenus.
Mais la reprise attendue est maintenant de nouveau remise en question par une nouvelle vague de cas de Covid-19. Le virus s’est rapidement propagé dans le pays, d’une province à l’autre, atteignant des niveaux comparables à ceux des deux précédentes vagues plus aiguës de la pandémie. Cela montre à quel point la Chine reste vulnérable à la pandémie, car les épidémies locales de Covid-19 deviennent plus fréquentes à mesure que des variantes plus contagieuses émergent au sein d’une population moins immunisée.
Nouveaux cas de Covid-19 en Chine
(évolution sur 10 jours du nombre total de nouveaux cas)
Sources: Haver, Université John Hopkins, analyse QNB
Il est important de noter qu’en dépit des récentes discussions officielles visant à assouplir l’approche » Zéro Covid » de la pandémie, certaines provinces continuent de déployer de solides mesures de distanciation sociale contre les épidémies locales. Cela pèsera sur la croissance ce trimestre et potentiellement le trimestre prochain, car l’activité sera interrompue autour des lieux où se concentrent les nouveaux cas de Covid-19.
Toutefois, nous ne nous attendons pas à ce que le ralentissement persiste trop longtemps. Selon nous, les « risques de pandémie » devraient s’atténuer en Chine après le premier trimestre 2023. Cela s’explique par le développement de nouveaux vaccins chinois à ARNm, plus efficaces, contre les nouvelles variantes du virus Covid-19, ainsi que par la disponibilité de pilules antivirales efficaces. Au fil du temps, ces évolutions devraient favoriser l’abandon des politiques Zéro Covid, permettant à l’activité de reprendre de la vigueur de manière plus durable. Ce scénario a été renforcé par la récente décision du Conseil d’État d’inciter les personnes âgées à se faire vacciner, voire à se faire rappeler plus souvent, afin de protéger les plus vulnérables et d’assurer une « réouverture » plus rapide du pays.
Au total, dans notre scénario de base, la reprise cyclique tant attendue en Chine ne devrait être retardée que d’un trimestre ou deux, selon la gravité de la vague actuelle de la pandémie. Nous avons donc révisé nos prévisions de croissance en Chine à 3% en 2022 et 5,5% en 2023.
D’après communiqué