La ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Neila Gongi a fait savoir, lundi soir, que l’achèvement des études et des appels d’offres relatifs au projet d’interconnexion électrique entre la Tunisie et l’Italie « ELMED » prendra une année. Ajoutant que la signature des contrats et le lancement des travaux le concernant, sont prévus pour la mi-2024. Les travaux de réalisation s’étaleront sur quatre à cinq ans.
Dans une déclaration médiatique en marge de la cérémonie de remise des prix de la première édition des concours « Média EnerGiz » et « Journalisme for AI » (Journalisme pour l’intelligence artificielle), organisée par la GIZ en collaboration avec le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, elle a ajouté que « ce projet permettra de développer l’infrastructure énergétique en Tunisie, d’attirer les investisseurs et les IDE dans le domaine de la production électrique à partir d’énergies renouvelables et d’échanger de l’électricité propre avec l’Europe ».
Le projet favorisera également une meilleure intégration entre les marchés de l’électricité des deux pays et le renforcement de la connectivité électrique entre l’Afrique du Nord et l’Europe.
Ainsi, la ministre a qualifié de « très important » ce projet. Et ce, vu l’importance du budget qui lui est alloué (840 millions d’euros) et sa contribution attendue à la satisfaction de la demande énergétique croissante en Tunisie, à la diversification des sources de l’énergie et au renforcement de la sécurité et de la transition énergétiques.
En effet, les données de la Banque mondiale ont révélé que la demande annuelle d’électricité en Tunisie augmente en moyenne de 2,2 %. Dans un contexte de rareté des ressources nationales et de dépendance croissante à la production de sources d’énergie provenant de l’étranger.
Elle a rappelé que l’UE a approuvé un soutien financier de 307,6 millions d’euros au projet ELMED et que l’enveloppe restante sera assumée à part égale entre la Tunisie et l’Italie.
En outre, plusieurs bailleurs de fonds ont exprimé leur disposition à accompagner la Tunisie dans le financement du projet, a encore affirmé la ministre. Elle estime également que ce projet permettra de développer le secteur industriel. Etant donné que des investisseurs étrangers contribueront à la réalisation de cette interconnexion électrique.
Selon la Banque mondiale, la liaison électrique sous-marine de 195 km est d’une capacité de 600 MW. Ce projet vital permettra donc d’élargir la connectivité avec d’autres pays d’Afrique et d’Europe.
Dans l’édition 2022 de son Plan de développement du réseau électrique pour la prochaine décennie, le Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d’électricité évoquait deux projets qui concernent directement la Tunisie à savoir Elmed et TuNur.
L’Union Européenne a de son côté, déclaré que « le projet contribuera à réduire, dans des conditions spécifiques, les limitations actuelles et futures des échanges d’électricité à la frontière nord de l’Italie, avec la France, la Suisse, l’Autriche et la Slovénie. De même qu’il permettra d’augmenter considérablement la capacité de transport et son exploitation d’au moins 500 MW sur cette frontière ».
Dans un communiqué publié le 8 décembre 2022, la Commission européenne a annoncé que les Etats membres ont voté en faveur d’un projet s’inscrivant dans le cadre des programmes « European Green Deal » et « REPowerEU ». Il s’agit d’un investissement égal à 602 millions d’euros pour huit projets d’infrastructure énergétique transfrontaliers. La Commission a indiqué que 307,6 millions sur les 602 millions d’euros, seront investis dans le cadre de la construction d’une première interconnexion entre l’Italie et la Tunisie, avec un câble électrique sous-marin à haute tension.
« Cette nouvelle connexion, appelée interconnexion ELMED, renforcera la sécurité et la durabilité de l’approvisionnement en électricité en Europe. Elle permettra aussi une meilleure intégration des énergies renouvelables et le remplacement de la production thermique par gaz. Contribuant ainsi aux objectifs d’atténuation du changement climatique et aux objectifs en matière de changement climatique de l’UE », a indiqué la même source.
Réagissant à l’annonce de la Commission européenne, le ministère des Affaires étrangères a précisé que la Tunisie était le seul pays non-européen à faire partie de ce projet européen. Considérant qu’ELMED revêt un aspect stratégique et constitue un pilier important pour le renforcement de la coopération tuniso-italienne et des relations tuniso-européennes.
Majdi Karbai, ancien député représentant les Tunisiens d’Italie,relève, sur sa page Facebook, que le projet ELMED a trouvé un grand écho en Italie. Ajoutant que des consultations avec la population, la société civile et les acteurs politiques ont été lancées à propos de ce projet. Lequel a par ailleurs fait l’objet d’une grande vulgarisation dans les médias. De plus, il note que l’efficacité du projet pour la Tunisie reste tributaire des politiques énergétique et sociale et du degré de réussite du pays dans la production d’énergies renouvelables à des fins d’autosuffisance et d’exportation.
M. Karbai a recommandé d’accorder à ce projet l’importance nécessaire et d’engager le débat à son propos. Et ce, en impliquant les responsables de l’Etat, les experts et les associations environnementales, pour mieux clarifier les plans et objectifs énergétiques du pays pour les années à venir.
Avec TAP