Un désaveu cinglant ! Près de 90% des électeurs tunisiens ont tourné le dos à Kais Saied en boudant le scrutin des élections législatives qu’il a lui-même décidé, conçu, organisé et taillé sur mesure pour lui-même et son projet invraisemblable d’un pouvoir qui ressemble comme deux goutes d’eau à celui de la jamahiriya de feu Kadhafi. Les Tunisiens ont dit non et sans appel. C’est aussi une forme de mépris de la politique, par celui qui concentre entre ces mains tous les pouvoirs.
C’est surtout un désaveu de toute la classe politique charriée par une supposée révolution. Le système que KS veut imposer n’est que le dernier soubresaut de cette « révolution ». Un système qui n’est que son avatar, une créature sous forme d’un monstre, mais qui désormais, est terrassé par un rejet populaire sec et définitif. C’est ça ce que veut le peuple : tourner définitivement la page de ce grand mensonge. L’artisan de ce désaveu de Kais Saied n’est autre que Saied Kais lui-même. Une première dans l’histoire, où un souverain bien assis sur un matelas populaire que les différents votes, scrutins et autres sondages avaient confirmé, enfonce un clou dans ce matelas gonflable et le crève.
Le clou c’est le code électoral et la composition de l’ISIE, qui ont torpillé le bateau Saied. Ce n’est nullement les différentes oppositions qui ont appelé au boycott. Les électeurs n’ont pas boycotté, car on aurait vu des millions de manifestants ce 10 décembre 2022, lors des manifestations organisées pour appeler les citoyens au boycott. Ils n’étaient que quelques centaines et non unies.
Le peuple a profité des élections pour dire non, non seulement au scrutin, mais à la continuation d’une mascarade qui n’a que trop duré. Il a renvoyé aux vestiaires tous les joueurs politiques de plus de douze ans de slogans creux de promesses non tenues, de gabegie économique et de destruction systématique de l’Etat, et donc de la Nation.
Pour cette performance, qui a consisté à dégouter définitivement des urnes, plus que huit millions de citoyens électeur, il faut remercier Kaies Saied. On ne peut pas faire plus.
« Le peuple a profité des élections pour dire non, non seulement au scrutin, mais à la continuation d’une mascarade qui n’a que trop duré »
Tout d’abord un Code électoral qui élimine les partis politiques d’office et qui leur accorde seulement et théoriquement un rôle mineur dans la gestion des candidatures, qui est devenue l’apanage des petits candidats locaux, sans envergure et surtout sans programmes.
On a eu droit à tous et toutes les créatures, à travers la petite lucarne, et la conclusion qu’on peut tirer est que la prochaine assemblée ne peut être représentatives des différentes c lasses et couches sociales, ni des catégories socioprofessionnelles, ni des élites politiques et économiques. Tout au plus, elle sera représentatives des tribus, clans, familles et autres structures archaïques qui persistent à exister malgré plus de soixante ans d’Etat-nation.
Plus grave, elle comptera dans ses rangs des personnages atypiques et farfelus qui ne manqueront pas de se donner en spectacles comme leurs ancêtres, ben toumia, guassas et autres perles et manquera sévèrement d’élites capables de discuter et de voter des lois utiles à la bonne marche du pays.
Tout ça est le résultat d’un code électoral qui impose une vision du peuple et de la représentation populaire, anarcho-kaisiste , sorte de vision hybride entre l’anarchisme de Bakounine et le populisme du livre vert de Kadhafi. Mais le peuple dont se prévaut KS et ses supporters a dit NON.
Evidement d’une façon civilisée, pacifique mais puissante en se détournant massivement de l’opération électorale. L’avertissement populaire est lourd de conséquences et nous doutons que KS et ses conseillers occultes ont saisi le message.
« Tout ça est le résultat d’un code électoral qui impose une vision du peuple et de la représentation populaire, anarcho-kaisiste »
La preuve ? la réaction du Président de la République en recevant sa première des ministres. Il n’a nullement pris acte du message envoyé par son peuple et est resté sourd et impassible devant les appels à tirer la leçon du cataclysme.
Un séisme, de 8.8 sur l’échelle de Shafter dira un internaute qui garde encore le sens de l’humour même si les circonstances présagent du pire. Car la ceinture populaire de KS a fondu soudainement comme du beurre.
Ce qui laisse la porte ouverte sur toutes les aventures ! Evidement ça a ré ouvert l’appétit des islamistes qui voient dans cette sanction massive un secours divin tout en sachant que le cadeau leur vient directement de leur actuel pire ennemi, KS en personne ! Sauf qu’à notre avis, le message est aussi adressé à eux et qui en cas de cataclysme politique, ils seront les premières cibles comme au jour du 25 juillet 2021 où ils ont failli êtres lynchés par les foules. Car un train peut en cacher un autre.
L’étau se desserre de l’extérieur
A la surprise non générale, le communiqué des autorités américaines suite au scrutin des législatives, appuie le résultat tout en évoquant le faible taux de participation, et en considérant que c’est « un premier pas vers un retour à la démocratie ». Bien sûr cela a « coupé le pied » comme le dit si bien le proverbe tunisien des oppositions qui tablaient sur un refus clair et net de la légitimité de la future assemblée.
C’est qu’ils n’ont jamais compris les américains en particulier et les pays occidentaux en général. Ce soutien que certains ont qualifié d’inattendu, est une bouffé d’oxygène pour KS. Avant Le Président français Macron, a appuyé le déroulement du scrutin, au grand dam des islamistes et leur front du salut qui s’est fondu sur un communiqué accusant le Président Français « d’ingérence » , ce qui est le comble pour des gens qui depuis le 25 juillet 2021 appellent de tout cœur l’ingérence étrangères .
Toujours est-t-il qu’au moment ou l’étau se resserre de l’intérieur, une main invisible l’a desserré de l’extérieur autour de KS. C’est la preuve intangible que KS est dans l’axe dirigé par Washington qui est réputé ne pas donner des cadeaux pour ceux qui ne sont pas ses amis.
Le voyage de Washington pour participer au sommet américano-africain, y est pour quelque chose. Un deal semble avoir été effectué. Bien que la rencontre avec Blinkin, MAE us n’a pas été de tout repos pour KS, qui d’ailleurs a dit , en passant, tout ce qu’il pense de la démocratie à l’américaine, ce qui ne manque pas de courage, et a défendu avec acharnement son modèle qu’on peut qualifier de populiste sans qu’il le soit totalement. Mais pourquoi, diable ces américains changent de positions ?
« Le voyage de Washington pour participer au sommet américano-africain, y est pour quelque chose. Un deal semble avoir été effectué »
Rappelons-nous qu’avant d’effectuer le voyage de Washington, KS a rencontré deux pires ennemis des américains : Le Président Chinois et le prince héritier saoudien, au sommet Chine-pays arabes.
Dans son entretien avec le premier, ce dernier a carrément fait du pied à KS en l’invitant à faire une alliance stratégique avec son pays, étant donné, toujours selon lui que la Tunisie compatit d’ingérences étrangères dans ses affaires intérieures, exactement comme la chine dans l’affaire de la visite de la Présidente du sénat américain à Taiwan. Il a dit substantiellement la même chose au prince héritier de l’Arabie Saoudite qui s’était empressé de déclarer que son pays est encore et toujours l’allié stratégique des américains.
Ce que n’avait pas fait KS à temps mais beaucoup plus tard après sa visite aux USA en déclarant à la surprise générale qu’il refuse d’engager le pays dans les axes. A l’évidence c’est une réponse au Président chinois assez ambigüe, il est vraie que certains ont cru qu’elle est adressée aux américains.
La Tunisie étant un allié stratégique de l’OTAN même si elle n’est pas membre exactement comme Israël et les Emirats Arabes Unis. Rappelons aussi que l’armée tunisienne est toujours soutenue et entrainée par les américains et qu’elle participe aux manœuvres de l’OTAN en méditerrané.
Il est clair qu’un deal est entrain de s’effectuer, loin des caméras, selon lequel, ce scrutin « qui est un premier pas » sera suivi d’autres pas dans le sens « d’un retour vers la démocratie » du fils prodigue du printemps arabe.
La composition du futur gouvernement qui selon les américains doit s’attacher à sortir le pays de la grave crise économique dans laquelle il sombre. Il n’est plus question pour eux « d’un gouvernement élu » et représentatif du spectre politique actuel. La guerre en Ukraine est passée par là.