L’idée partagée est que les entreprises publiques sont toutes défaillantes, lourdement endettées et qui ne génèrent pas de recettes. Ce n’est pas totalement faux, mais également pas totalement vrai. Redresser leurs situations ne relève pas du domaine de l’impossible.
Une bonne partie de ces entreprises comptent sur l’Etat pour pouvoir survivre et affronter les charges de gestion. Mais elles contribuent aussi à travers leurs recettes propres. En 2022, elles ont reçu 493,070 MD contre des ressources générées de 658,800 MD. Pour 2023, les prévisions de la Loi de Finances tablent sur des ressources propres de 1 026 MD contre une contribution publique de 959 MD.
Bien évidemment, l’apport diffère d’une structure à une autre. L’essentiel est attribué aux entités du Ministère de la Santé dont le fonctionnement total coûtera 1 017 MD cette année, dont 626 MD provenant de leurs activités. L’Etat devrait participer à hauteur de 391 MD.
Le Ministère de l’Education nécessite 180 MD pour fonctionner normalement, mais ses structures ne vont pouvoir générer que 20 MD. C’est tout à fait normal pour un secteur consommateur de ressources. L’Etat compte lui consacrer 160 MD de son budget 2023.
L’Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique devrait bénéficier de 98 MD pour clôturer son schéma de financement estimé à 135 MD.
Viennent ensuite la Défense Nationale (54 MD), la Justice (48 MD), l’Emploi et la Formation Professionnelle (39 MD), l’Intérieur (28 MD), la Jeunesse et le Sport (25 MD) et la Culture (19 MD).
A cela il faudra ajouter la prise en charge des dettes de Tunisie Autoroutes envers ses créanciers étrangers et ce, pour 200 MD.
Le problème chronique de résultats reportés négatifs
Ces dépenses seront plus que couvertes par les dividendes que l’Etat compte encaisser grâce à ses participations. Ils devraient atteindre un record de 1 285 MD en 2023, avec les bénéficies de la Banque Centrale de Tunisie et l’ETAP.
A première vue, les comptes sont donc équilibrés et il y a même une petite marge. C’est déjà une avancée. Il faut veiller à ce que cet équilibre fragile soit consolidé lors des prochaines années afin de minimiser l’impact net sur le Budget. Le bon sens implique la focalisation sur les structures excédentaires et celles proches de l’équilibre pour améliorer leurs modèles de fonctionnement. L’Etat pourra en tirer davantage de profits.
Mais le problème ne réside pas dans les charges de fonctionnement, mais dans les pertes cumulées et les trous de fonds propres dans plusieurs entités. Fin 2020, l’endettement de ces entreprises a dépassé les 30 milliards de dinars, avec des fonds propres qui frôlent les -5,3 milliards de dinars.
Pour garder ces entreprises sous la houlette de l’Etat, il y a une seule et unique solution : céder quelques sociétés qui marchent bien et consacrer la recette des ventes pour recapitaliser celles en difficulté. En parallèle, il convient de révolutionner la gouvernance, procéder à des plans sociaux et ouvrir le capital des plus grandes entreprises à des fonds d’investissements privés ou publics (la CDC à titre d’exemple).
Les partenaires sociaux doivent accepter la règle du jeu car il est impossible que l’Etat puisse supporter ce fardeau pour encore longtemps.