2022 a été l’année de la guerre et de l’inflation. 2023 sera l’année de la récession. Dans ce dernier Outlook d’octobre, le FMI tablait sur une croissance mondiale de 2,7%. Sa directrice déclare récemment que le Fonds s’attend « à ce qu’un tiers des économies soient en récession cette année ».
L’enlisement de la guerre en Ukraine, le durcissement des politiques monétaires, une inflation largement supérieure aux objectifs des Banques centrales, une montée des inégalités sociales, surtout dans le monde émergent, des tensions sur les prix des produits de base, un surendettement de certaines grandes économies (Italie, Japon…), des économies européennes qui peinent à contenir la crise énergétique, une Russie piégée dans une guerre qui menace des pans entiers de son économie, notamment le secteur agricole (manque d’engrais), une Chine qui trouve des difficultés à contenir sa crise immobilière et à gérer le retour de la pandémie…, sont autant de risques qui ne peuvent que nourrir le scénario d’une forte récession en 2023, avec son cortège de menaces.
Une menace pour les finances publiques
D’une part, le resserrement monétaire devrait peser sur l’investissement et la croissance économique, d’autre part, la remontée des taux d’intérêt à court terme finira par se transmettre aux taux longs, ce qui menacera ainsi la soutenabilité de la dette des pays en situation de surendettement.
Une menace pour la stabilité sociale
La poussée inflationniste est déstabilisante socialement, surtout pour les pays en panne de fiscalspace, autrement dit, les économies incapables de protéger les couches les plus vulnérables à l’aide des transferts ciblés. Une dégradation du pouvoir d’achat creusant les inégalités sociales et alimentant le déclassement social. L’un des terrains favoris pour le développement des thèses populistes dans le monde.
Une menace pour la crédibilité des autorités monétaires
Une situation embarrassante pour les Banques centrales. Un resserrement insuffisant alimenterait le dérapage inflationniste et le désancrage des anticipations. Et un resserrement excessif serait à la fois pénalisant pour la croissance et déstabilisant pour les marchés financiers. En somme, les deux objectifs des Banques centrales seront lourdement affectés ; un risque inflationniste vs un risque d’instabilité financière.
Bref, un cocktail de menaces pour une économie mondiale déjà lourdement fragilisée par la montée des tensions géopolitiques et la non-résilience aux chocs climatiques et pandémiques.
Cet article est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin N° 860- du 4 au 18 janvier 2023