L’ambassadeur de France en Tunisie, André Parant, s’est exprimé sur trois dossiers à l’occasion de la présentation de ses vœux à la presse. L’occasion de réaffirmer le soutien à l’économie tunisienne; mais en conditionnant l’octroi d’un prêt de 200 millions d’euros à la conclusion d’un accord avec le FMI.
L’occasion d’insister aussi sur l’importance du respect des libertés dont celle de la presse. Soulignant que la France a déjà exprimé son « soutien » et sa « sympathie » lorsqu’il y a eu des « poursuites contre les journalistes ».
Ainsi, le moment était propice pour faire passer les messages qu’il faut. Et, en ce vendredi 06 janvier 2023, des messages il y en avait, pour la présentation des vœux du Nouvel An à la presse tunisienne, dont les représentants étaient invités à la Résidence de l’ambassadeur de France à La Marsa. Des représentants qu’André Parant qualifiait de « relais ». L’accompagnait, lors de cette cérémonie, le nouveau consul général français, Dominique Mas.
Ces messages se regroupaient en trois axes principaux. Primo : assurer un soutien à l’économie en Tunisie et à la conclusion d’un accord avec le Fonds Monétaire International (FMI). Secundo : favoriser le dialogue et l’unité. Et tertio : assurer nécessairement le respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales.
Engager de nouvelles pistes de coopération
Dans son allocution, l’ambassadeur de France en Tunisie évoquait donc la première question : la situation économique en Tunisie. Avec un franc engagement de la France pour apporter à la Tunisie les soutiens qu’il faut. La France a d’ailleurs pris la décision d’accorder un soutien de l’ordre de 200 millions d’euros (environ 660 millions de dinars). Cependant à une condition : la somme ne sera versée que lorsque la Tunisie aura obtenu le prêt de 1,9 milliard de dollars (environ 5,9 milliards de dinars) de la part du FMI. Pourquoi pas maintenant?
André Parant a exprimé, dans ce cadre, l’espoir que le 5ème Haut Conseil de la coopération tuniso-française, qui doit se tenir avant l’été 2023, puisse permettre d’approfondir la coopération entre son pays et la Tunisie. Mais aussi qu’il permette d’engager les deux pays sur d’autres pistes que celles de l’énergie renouvelable, des infrastructures, du développement humain, de l’éducation et de la formation.
Rappelant au passage que la France est le premier investisseur étranger en Tunisie où opère près de 1500 entreprises françaises. Et que tous les mécanismes de la coopération économiques, comme Business France, continueront à occuper le terrain au service de la coopération entre les deux pays.
Cela nuirait à « l’image » de la Tunisie
Puis, sur le terrain des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, l’ambassadeur a mis en valeur l’importance de ces domaines. D’autant plus que la Tunisie est « une référence » dans sa région. Il qualifiait, à ce niveau, la liberté de la presse de « clé de voute » de toute société démocratique. Précisant que la France, comme ses partenaires au sein de l’Union Européenne (UE), sont « vigilants » concernant ce dossier.
En outre, il ne manquait pas de signifier que « tout retour en arrière » serait bien préjudiciable. D’autant plus que cela nuirait à l’ « image » de la Tunisie. Tout en précisant : « Nous portons et continuerons à porter ce message ». En assurant d’ailleurs que la France a exprimé son « soutien » et sa « sympathie » lorsqu’il y a eu des « poursuites contre les journalistes ».
Retour à la normale
Beaucoup de journalistes présents ne manquait pas d’évoquer le sujet de la vie politique en Tunisie. Et de remarquer qu’André Parant donnait l’impression d’avoir été un tant soit peu imprécis sur la date des législatives du 17 décembre 2022. En effet, lorsqu’il s’agissait de rappeler l’importance de l’année écoulée en Tunisie, la seule mention notable était celle du référendum sur le texte de la nouvelle constitution, le 25 juillet 2022.
Autre dossier qui a constitué un des points cruciaux de l’adresse de l’ambassadeur de France aux journalistes : les visas. Le discours s’est voulu, à ce stade, on ne peut plus rassurant. D’abord, parce que les choses sont revenues à la normale; après les restrictions décidées par la France à l’endroit des ressortissants tunisiens.
115 00 visas en 2022
Ensuite, la Tunisie n’est point mal lotie : 115 000 visas ont été accordés aux Tunisiens en 2022. Bien mieux que les années 2020 et 2021, marquées du reste par la pandémie de Covid 19. L’ambassadeur de France soutient que le chiffre de 150 000 visas en 2019 sera probablement atteint en 2023. Avec deux précisions de taille à ce stade : la Tunisie est le 4ème pays à bénéficier de visas français et 75 % des visas Schengen sont obtenus auprès des services consulaires français.
Enfin : beaucoup de visas sont rejetés parce que les demandes sont incomplètes. Elles manquent des pièces bien nécessaires à l’étude du dossier. Sachant que les services consulaires français traitent entre 800 et 1000 demandes de visas.
Alors, il promettait d’améliorer les délais d’octroi de visas, en indiquant que l’ambassade a pris des dispositions en ce sens. Et André Parant de demander aux représentants de la presse de faire œuvre de pédagogie auprès de la population. Insistant sur le souci de la France d’accorder l’importance nécessaire à la mobilité qu’il qualifie de « respiration dans les relations bilatérales ».
Enfin, il promet que « le nouveau Consul général, Dominique Mas, devra du reste s’exprimer sur le dossier des visas dans les prochains jours ».