Les différents partis politiques et autres composantes de la société civile ainsi que les partisans du Président de la République sont en train d’affûter leurs armes en vue de la « bataille » du 14 janvier 2023. Une journée qui peut s’avérer cruciale pour les uns et les autres. Du moins pour marquer des points pour la suite.
Pour le moment et dans l’immédiat, avant le 14 janvier, tout va tourner autour du 2ème tour des élections législatives dont les partisans de Kaïs Saïed s’entêtent faire un succès. Malgré l’abstention humiliante de près de 90 % des électeurs. Un record historique que le Chef de l’État s’entête à analyser comme un score positif, voire meilleur que celui des 99 % !!!
Quel avenir pour le 2ème tour des législatives?
Et selon sa théorie, les taux de participation sont jugés selon leur ampleur lors des deux tours. Autrement dit, Kaïs Saïed semble compter sur un « rattrapage » consistant lors du second tour. Car, il est devenu évident, aussi bien au niveau local qu’à celui international, que tout le processus du 25 juillet conduit par le Président de la République, dépend des résultats de ce second tour.
Un score de participation tournant autour des 30 % permettrait aux partisans du Chef de l’État de relever un tant soit peu la tête. Mais si le taux se maintenait au même niveau que celui du tour initial, ou même s’il restait inférieur à 20 %, cela signifierait, du moins moralement, la mise en cause du projet de Saïed et sa feuille de route.
C’est dire le forcing mené par les uns et les autres pour prouver la justesse de ses positions et de ses orientations.
Bien que dispersées, « les » oppositions atteindront-elles leurs objectifs?
Dans ce contexte, les oppositions sont en train de mettre le paquet pour aboutir à leurs fins. Le PDL et sa présidente, Abir Moussi, multiplient les campagnes. D’ailleurs, ils se sont résolus, en fin de compte à manifester à Carthage même. Puisqu’ils refusent de se mêler aux « troupes » de Ghannouchi qui se camouflent sous la « Jebba » de Néjib Chebbi, Jawhar Ben M’barek et Chaïma Aissa, rassemblés au sein de ce qu’on appelle le Front du salut national.
Ces derniers auront, théoriquement, le 14 janvier, la possession de l’Avenue Habib Bourguiba après avoir manifesté, symboliquement, à El Mnihla, aux alentours du domicile personnel du Chef de l’État.
Le Groupe des « Cinq » composé, essentiellement, du parti des travailleurs, d’Ettayar, d’El Massar, d’Ettakattol, compte, lui aussi défiler dans la Rue. Et ce, pour exprimer son opposition à la poursuite du processus du 25 juillet.
Les organisations nationales se démarquent des partis politiques
Ces trois groupes réclament, chacun à sa manière, la suspension du second tour des législatives. Certains le départ de Kaïs Saïed et tous la tenue de nouvelles élections législatives et présidentielles anticipées. C’est dire le degré des revendications placées à un palier supérieur et « inacceptable » par le Président de la République.
D’un autre côté, trois organisations nationales, en l’occurrence, l’UGTT, l’Ordre des avocats et la LTDH, trois composantes du Quartet ayant « décroché » le Prix Nobel de la Paix suite à leur initiative de dialogue national ayant abouti en 2013/2014, au départ du gouvernement de la Troïka, conduit à l’époque par Ali Laârayedh, mènent, depuis quelques jours, une initiative avec l’élaboration d’une feuille de route à soumettre au Chef de l’Etat pour une éventuel dialogue sous son égide.
Cette feuille de route, qui reste à définir, sera-t-elle acceptée par Kaïs Saïed? Très peu probable selon les observateurs. Car il reste attaché à son projet qui a avancé tellement loin qu’il serait difficile pour lui de faire machine arrière.
Quelle sera l’attitude finale de l’UGTT et du Président de la République?
Or, dans ce cas fort probable, quelle attitude adoptera l’UGTT qui s’est gardée, jusqu’à présent, d’aller au point de non retour. Certains observateurs prévoient une escalade majeure allant jusqu’à la grève générale aux conséquences imprévisibles.
Et si toutes les composantes du pays se liguent en un seul bloc, face aux partisans de Kaïs Saïed, qui en toute évidence, sont minoritaires, quelle serait l’attitude du Président de la République? Consentira-t-il à infléchir sa ligne de conduite ou poursuivra-t-il la fuite en avant?
Les proches du Chef de l’État et tous ceux qui l’ont connu de près estiment qu’il serait inflexible. Mais n’anticipons pas et ne faisons pas de procès d’intention.
Une donne est toutefois presque certaine. La majorité des Tunisiennes et Tunisiens sont contre un retour au 24 juillet parce qu’ils sont en très large majorité contre un retour au pouvoir, même partiel, des islamistes. Tout en prônant la promulgation d’une loi, loin de toute équivoque, contre l’existence de parti politique à connotation religieuse.
Une telle démarche aurait l’avantage d’assainir la scène politique et d’éviter le moindre amalgame, à l’avenir. Et ce, dans le but évident d’empêcher tout groupe de jouer sur la fibre sensible de la religion, l’Islam dans le cas d’espèce.
Bannir toute connotation religieuse ou quitter la scène politique…
D’ailleurs, l’expérience a démontré que dans tous les pays musulmans, où des groupes ou des mouvements ont été autorisés à fonder leurs projets partisans sur la religion ou les confessions, ils ont fini par sombrer dans le chaos et les conflits.
C’est dire qu’Ennahdha devrait trancher sa situation par des chartes claires et rendues publiques. Se démarquant ainsi juridiquement d’un tel amalgame; sous peine d’être sanctionné par la dissolution et la traduction devant les juridictions compétentes.
On n’en est pas encore là, même si le 14 janvier approche à grands pas. Car dans l’immédiat, il faudra démêler ce casse-tête causé par le projet imposé aux Tunisiens par des faits accomplis, des mesures exceptionnelles et des décrets publiés sur le JORT, souvent la nuit, voire carrément à minuit.
Et dans l’immédiat, il est plus urgent de résoudre la crise économique, sociale et financière qui, selon les experts, menace le pays d’effondrement et de faillite…