La BCE Banque centrale européenne prévoit une croissance significative des salaires dans la zone euro – un indicateur lié à l’inflation – au cours des prochains trimestres, ce qui renforce les arguments en faveur de nouvelles hausses des taux d’intérêt.
La BCE a noté dans un article publié dans son bulletin de développement économique que l’étude de l’évolution des salaires dans la zone euro depuis le début de la pandémie montre que la croissance sous-jacente des salaires a été « relativement modérée » et reste aujourd’hui proche de la tendance stable à long terme.
Néanmoins, « à l’avenir, la croissance des salaires au cours des prochains trimestres devrait être la plus forte par rapport aux tendances de ces dernières années », note l’article. « Cela reflète des marchés du travail solides qui n’ont jusqu’à présent pas été affectés par le ralentissement économique, les augmentations du salaire minimum national et une certaine convergence entre la trajectoire des salaires et les niveaux élevés d’inflation. »
L’inflation sous-jacente a atteint un niveau record en décembre.
L’inflation des prix à la consommation est supérieure à l’objectif de 2 % de la BCE depuis 18 mois, alors qu’à fin 2022, elle dépassait 10 % en rythme annuel dans la zone euro. Bien que l’inflation ait reculé par rapport à son pic, l’inflation sous-jacente (qui exclut les éléments très volatils tels que les prix de l’alimentation et de l’énergie) a atteint un niveau record en décembre.
Alors que les prévisions suggèrent qu’un retour à l’objectif de 2% sera extrêmement difficile avant la fin de 2025 et que les syndicats poussent à des ajustements salariaux audacieux, la BCE a procédé à des hausses de taux d’intérêt sans précédent, le taux directeur ayant atteint 2%, après la nouvelle augmentation en décembre.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a prévu une hausse de 50 points de base lors de la réunion de février – et peut-être une autre après – pour éviter une spirale salaires-prix.
L’affaiblissement de la croissance économique ne devrait pas aider à court terme, car une pénurie de main-d’œuvre qualifiée accroît la tendance des entreprises à retenir les travailleurs et à bien les rémunérer.
Il faudra plusieurs années pour que les salaires s’ajustent complètement aux chocs récents, note l’économiste en chef de la BCE Philip Lane, qui a noté que la trajectoire des salaires sera un facteur important pour comprendre les tendances inflationnistes.
La tendance la plus forte de la croissance des salaires se trouve dans le secteur des services, en particulier là où il y a pénurie de personnel.