Alors que les relations restent difficiles entre Paris et Alger, l’Italie est en train de devenir le premier partenaire européen de l’Algérie. Comme le traduit ce déplacement de la nouvelle cheffe du gouvernement italien.
En effet, Georgia Meloni vient d’effectuer « une visite d’État » de deux jours à Alger, le 22 et le 23 janvier, avec à la clé économique, la signature de deux accords entre les deux géants de l’énergie dans les deux pays, à savoir Eni pour l’Italie et Sonatrach pour l’Algérie. La visite de Mme Meloni à Alger est la troisième en moins d’un an d’un Premier ministre italien, mais elle est beaucoup plus discrète que celle de son prédécesseur.
L’agence de presse officielle algérienne APS l’a décrite comme « une occasion de renforcer l’axe Alger-Rome » et une nouvelle étape « pour consolider la construction d’un véritable partenariat stratégique ».
Avant la guerre en Ukraine, 40% du gaz importé en Italie provenait de Russie, 11% provenait d’Algérie. En un an, la situation a changé. L’Algérie, qui était déjà le premier fournisseur de pétrole de l’Italie, a augmenté de 20% ses livraisons de gaz : 25 milliards de mètres cubes livrés cette année, 30 milliards l’an prochain.
Plusieurs contrats pourraient être signés avec le géant italien de l’énergie, Eni, dont le patron accompagna Giorgia Meloni, lors de ce voyage de 48 heures. Eni cogère déjà avec l’entreprise algérienne Sonatrach le gazoduc Transmed qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie.
L’Italie, pays de transit de ce gaz algérien
L’intention de Rome, c’est d’être aussi un pays de transit de ce gaz algérien vers les autres pays européens, la Slovénie, la Hongrie. La Slovénie vient d’ailleurs elle aussi de signer un contrat pour trois ans avec la Sonatrach.
Ces relations bilatérales entre Rome et Alger sont, bien entendu, dominées par les questions énergétiques, devenues cruciales, depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, pour une Italie importatrice de gaz. Sa vision géopolitique a comme objectif de faire de son pays un « hub énergétique » entre l’Europe et l’Afrique. La cheffe de l’exécutif italien fait ainsi valoir le destin méditerranéen de l’Italie.
Lors de leur entretien, Mme Meloni et le Président Tebboune ont évoqué la situation en Afrique du Nord et dans l’Afrique subsaharienne : « la stabilité de la Libye, la situation délicate au Mali et dans toute la région du Sahel », relevant au passage l’existence « d’une déstabilisation croissante (dans la région) qui préoccupe leurs deux pays ».
Fait significatif et grave, Mme Meloni a évoqué avec le président algérien Abdelméjid Tebboune la situation en Tunisie. Comment expliquer cette velléité d’intervention, dans les questions internes, qui aurait dû susciter une réaction de la diplomatie tunisienne ?
L’histoire immédiate nous rappelle l’intervention de l’Italie dans le coup d’Etat de 1987. Dans cette opération, l’Italie avait consulté, au préalable, le président algérien. De ce fait, la politique italienne d’intervention ne peut que discréditer ses ambitions d’un partenariat stratégique, dans l’aire méditerranéenne.