La Tunisie fait face à une situation décisive avant d’atteindre la phase de non remboursement de certains de ses engagements financiers. Elle se trouve actuellement dans l’obligation d’entamer immédiatement les réformes. Et ce, suite à la dégradation par l’Agence de notation américaine Moody’s de sa note souveraine de Caa1 à Caa2 . C’est ce qu’a indiqué l’expert en économie et en marchés financiers Moez Hdidane.
Il a ajouté, samedi, que ces réformes qui concernent des secteurs vitaux devraient remettre l’économie nationale sur la voie normale, que ce soit au niveau des équilibres macroéconomiques ou des indicateurs. «Ces réformes pourront se faire d’une manière participative entre le Gouvernement, les organisations sociales, les structures professionnelles et les experts », a encore analysé l’expert.
Pour Hdidane, le gouvernement Tunisien n’est pas parvenu à concrétiser les réformes nécessaires d’une manière participative, en rapprochant les points de vues des organisations sociales et du reste des structures, outre les présidences de la République et du Gouvernement. Et de poursuivre que le seul choix devant l’Etat, c’est d’accorder le pouvoir nécessaire à l’exécutif pour engager seule les réformes.
De l’exposition à des risques élevés
L’expert a en outre, noté que la dégradation de la note de la Tunisie à « Caa2 » signifie que le gouvernement tunisien et la Banque centrale de Tunisie (BCT) sont exposés à des risques élevés et à l’incapacité d’honorer les engagements financiers. Selon Moody’s, cette dégradation est expliquée par l’incertitude quant à la capacité du gouvernement à mettre en place des mesures qui puissent répondre aux besoins de financement élevés.
«Les nouveaux retards dans la mise en place d’un nouveau programme du FMI éroderaient les réserves de change par le biais de prélèvements pour le paiement du service de la dette, exacerbant ainsi les risques de balance des paiements et la probabilité d’une restructuration de la dette qui entraînerait des pertes pour les créanciers du secteur privé », souligne Moody’s.
L’incapacité à honorer ses dettes pointe du doigt
Hdidane a indiqué que cela pourrait pousser la Tunisie à recourir au Club de Paris pour le rééchelonnement de ses dettes et au Club de Londres qui réunit les créanciers privés. Et d’ajouter que les perspectives négatives de la notation reflètent une probable incapacité à honorer ses dettes sauf en cas d’ouverture de nouvelles perspectives de financement extérieur.
La nouvelle notation entraînera de grandes difficultés auxquelles seront confrontées les concessionnaires économiques à l’étranger à la lumière de l’image présentée par cette classification, qui se caractérise par la possibilité de défaut de paiement de la dette, en plus de perturber le processus économique en raison des difficultés d’accès au financement, a-t-il dit.
L’expert a encore précisé que les flux d’investissements étrangers vers la Tunisie seront affectés par la note souveraine de la Tunisie, en plus de la possibilité d’une baisse du taux de change du dinar par rapport aux autres devises. Il convient de rappeler que L’Agence de notation américaine Moody’s a annoncé, vendredi soir, la dégradation de la note souveraine de la Tunisie à long terme, en devises et en monnaie locale de Caa1 à Caa2 avec perspective négative.
Moody’s a, également, abaissé la note de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Elle est légalement responsable des paiements sur toutes les obligations du gouvernement de Caa1 à Caa 2 assortie d’une perspective négative.
Avec TAP