Les entreprises espagnoles ont l’intention de poursuivre le gouvernement du Premier ministre Pedro Sanchez. Et ce, pour exiger une compensation pour les lourdes pertes qu’elles ont subies, environ un an après que l’Algérie a décidé de rompre les relations commerciales avec Madrid. A la suite du changement de la position espagnole sur la question du Sahara Occidental, pour soutenir la proposition d’autonomie au Maroc.
Le journal The Independent, qui a rapporté hier la nouvelle, a déclaré qu’un mécanisme pour approcher la justice avait été convenu par une vingtaine d’entreprises basées en Espagne. La plupart étant des petites et moyennes entreprises très présentes sur le marché en Algérie.
Ainsi, les entreprises fondent leur affirmation sur le fait que le changement de position du gouvernement espagnol dans le différend sur le Sahara Occidental, après 47 ans de neutralité active, a causé des pertes économiques qui augmentent chaque jour. Ce qui est un scénario insupportable à moyen et long termes et met en danger la pérennité de certaines entreprises.
L’objectif du procès, selon la même source, est d’obtenir réparation des préjudices subis par les entreprises. Et ce, après que l’Algérie a rompu ses relations commerciales. De sorte qu’on estime que les pertes de toutes les entreprises espagnoles, qui font des affaires en Algérie, dépassent désormais 600 millions d’euros. Ces pertes sont représentées par le fait que l’Algérie ne reçoit pas de commandes réservées. De même, elle refuse de recevoir des conteneurs en provenance d’Espagne. Et elle perturbe le processus de paiement des matériaux importés; et ce, après l’arrêt du règlement bancaire des opérations d’importation depuis l’Espagne il y a un an.
Madrid avoue « ne pas apprécier les conséquences de sa crise »
Le ministère de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme dirigé par Reyes Maroto a été l’interlocuteur jusqu’à présent des hommes d’affaires concernés. Selon le journal, ce ministre, candidat à la mairie de Madrid et issu du Parti socialiste ouvrier, a reconnu lors de ses entretiens avec les entreprises que le gouvernement n’avait pas apprécié les conséquences d’un changement de position sur la question du Sahara occidental sur ses relations avec l’Algérie.
De hauts responsables du ministère ont appelé les hommes d’affaires à changer de destination et à s’éloigner provisoirement de l’Algérie. Leur reprochant de « mettre tous leurs œufs dans le même panier ».
Et face au refus de l’Algérie de tout contact avec le gouvernement espagnol, la crise entre les deux pays qui a éclaté en mars dernier est entrée dans sa première année. D’ailleurs, l’ambassadeur d’Algérie à Madrid est toujours dans son pays, après avoir été convoqué pour des consultations. Alors que toutes les médiations que l’Union européenne a tenté de mettre en œuvre n’ont pas abouti. Poussant ainsi l’Algérie à reculer sur sa position qu’elle juge de principe.
Dans ses déclarations, il y a un mois à l’agence de presse espagnole Europe Press, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albaris, révélait « que le gouvernement de son pays a renoncé à sa volonté de normaliser la situation par le dialogue direct avec l’Algérie ». Et il soulignait que « Bruxelles, pas Madrid, est celle qui doit agir. Car elle dispose des mécanismes nécessaires pour le faire ». Faisant ici référence à la violation des mesures prises par l’Algérie contre l’entrée de marchandises espagnoles. Et ce, dans l’accord de partenariat entre elle et l’Union européenne entré en vigueur en 2005.