Les dirigeants africains se réunissent samedi et dimanche au sommet annuel de l’Union africaine dans le but d’accélérer la mise en place d’une zone de libre-échange, à la lumière des répercussions de la guerre en Ukraine et de la poursuite des rébellions armées.
Il y a trois ans, dans une vague d’optimisme, les dirigeants de l’Union ( UA) lançaient officiellement un accord de libre-échange à l’échelle du continent, après 17 ans de négociations et de tractations.
Mais alors que les dirigeants se dirigent vers Addis-Abeba, lieu du sommet, la mise en œuvre de l’accord historique semble être une tâche ardue.
L’Accord de libre-échange continental africain (Avesta) comprend 54 pays, dont la Tunisie, ce qui en fait le plus grand marché de libre-échange au monde en termes de nombre de membres.
Les pourparlers s’ouvriront samedi sous le titre « Accélérer la mise en œuvre de l’accord ».
Le projet d’accord vise à stimuler le commerce intra-africain de 60% d’ici 2034, en supprimant tous les frais et en créant un bloc économique d’un milliard et 300 millions de personnes avec un produit intérieur brut de 3,4 billions de dollars.
Le commerce intra-africain représente actuellement 15 % des biens et services, contre plus de 65 % avec les pays européens.
S’il est pleinement mis en œuvre, l’accord sortira 50 millions d’Africains de l’extrême pauvreté et augmentera les revenus de 9 % d’ici 2035, selon la Banque mondiale.
Mais l’application est encore loin de cet objectif et se heurte à des obstacles, notamment des désaccords sur la baisse des frais et la fermeture des frontières en raison de l’épidémie de Covid.
Situation hypothétique
Le sommet de cette année intervient à une « période sensible » pour l’Afrique, selon l’étude « International Crisis Group », qui a évoqué le récent processus de paix en Éthiopie, les conflits en République démocratique du Congo, la région du Sahel, l’État du Sud Soudan et les rébellions djihadistes en Somalie et au Mozambique.
Le centre de recherche ajoute que la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales qui l’ont suivie « ont ébranlé les économies africaines et causé une grave détresse à nombre d’entre elles » dans un contexte de hausse significative des prix des denrées alimentaires.
En échange de marchés intérieurs européens cohérents grâce aux pipelines énergétiques, aux autoroutes, aux chemins de fer et aux destinations aériennes, l’Afrique tente de rattraper le vieillissement des infrastructures et la corruption qui entravent le processus.
Les analystes disent que des obstacles allant de la lourdeur de la bureaucratie au protectionnisme enraciné dans certains pays doivent être surmontés si l’Afrique veut réaliser le marché unique souhaité.
« Il y a une volonté politique affichée, mais sa mise en œuvre prendra du temps », a déclaré à l’AFP Paul Simon Handy, directeur régional de l’Institut d’études de sécurité d’Addis-Abeba.
Doreen Neninhazue, directrice de l’Union africaine pour Campaign ONE, une organisation à but non lucratif basée aux États-Unis, est d’accord.
« Certains pays africains craignent qu’en ouvrant leurs frontières ils ne soient confrontés à un afflux de personnes qu’ils ne peuvent pas contrôler », a déclaré Neninhazue à l’AFP.