Comble des paradoxes, nos banquiers sont sur les premières marches du podium quand nos banques, aussi performantes soient-elles, sont largement distancées dans le palmarès des banques et établissements financiers africains. Trop nombreuses et donc fortement trop petites, enserrées qu’elles sont dans le corset étroit du marché national. Small is beautiful, disait-on par le passé. Pas si évident, dans un monde sans frontières, revisité par une nouvelle mondialisation pas toujours heureuse pour les banques sans envergure planétaire, pour pouvoir évoluer dans la cour des grands.
Nos banquiers, à l’image du premier d’entre eux, le gouverneur de la BCT, avaient fière allure lors des journées annuelles du club des dirigeants des banques et établissements de crédit d’Afrique.
Habib Karaouli, illustre figure du club, était le maître de céans
La présence de Férid Belhaj, vice-président de la BM pour la région Afrique du Nord-MENA, dont on ne saluera jamais assez l’attachement au pays, conforte cette impression et ajoute au crédit des banquiers de la place. Il impressionne comme à chacune de ses interventions, à l’idée de faire bouger les lignes et de changer les choses pour s’adapter au monde d’aujourd’hui et se préparer à celui qui arrive. Ce qui n’est pas pour déplaire au nec plus ultra des banquiers africains, venus à Tunis en grand nombre pour discuter dans le pays des règlementations aussi vaines qu’inutiles de « quelle réglementation bancaire pour les économies africaines ». Habib Karaouli, illustre figure du club, était le maître de céans et évoluait avec une incroyable aisance parmi ses pairs, dans ce cénacle des banquiers africains qui lui vouent respect et considération. Ultime consécration, ils l’ont élu à l’unanimité à l’issue de l’AGO à la tête du club.
financer l’économie et de promouvoir l’équité et l’égalité des chances.
Deux jours durant, le nouveau président n’a pas failli à sa réputation : l’excellence sinon rien. Avec pour illustration, une organisation réglée comme du papier à musique ; des préparatifs menés longtemps à l’avance pour s’assurer de la disponibilité et de la participation de dirigeants, dont la contrainte temps dépasse de loin celle des liquidités qui sont l’essence même des banques.
Rien n’a été laissé au hasard pour faire de cette rencontre un haut lieu dédié à la plus illustre des missions des banques africaines, celle de financer l’économie et de promouvoir l’équité et l’égalité des chances.
Juste reconnaissance pour un banquier d’affaires au sommet de son art
Juste reconnaissance pour un banquier d’affaires au sommet de son art, qui trône aujourd’hui sur le toit de l’Afrique, francophone essentiellement, celle des banques et des établissements de crédit. Le verbe haut, le ton juste, le discours convenu pour rappeler ce que le continent doit aux banques et ce qu’elles lui doivent. Encore qu’il ne doit, pour sa part, son ascension qu’à son mérite, son professionnalisme, son engagement pour les bonnes causes, sa force de persuasion, et sa capacité d’entrainement. Son inclination consensuelle et sa vision de l’avenir, moins mercantile qu’elle le serait pour d’autres, le prédisposent à de tels honneurs. L’Afrique des réseaux à laquelle il s’attache est moins un marché, aussi important soit-il, qu’une mission nourrie par une intime conviction qu’il porte au plus profond de lui-même. L’Afrique, dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle est l’avenir de l’humanité, il la veut ouverte sur le monde, sur les technologies émergentes, sur l’innovation, sur les graines de génie libérées du joug des bureaucraties tatillonnes, toujours en retard d’une évolution, et d’une bataille technologique. Avis aux banquiers africains pour se mettre à l’heure du monde qui arrive, avec ses avancées technologiques qui vont changer la nature de la banque et jusqu’aux métiers des banquiers.
Habib Karaouli entend mettre l’intelligence collective du club au service de cette mission
Il entend mettre l’intelligence collective du club au service de cette mission, pour une nouvelle architecture financière en devenir. Il dit vouloir poursuivre dans cette voie pour faire du club une sorte de vigie et de boite à outils de la finance africaine. Un vrai défi et un enjeu majeur pour ne pas se laisser exclure du banquet des nouvelles sources de financement mondiales, forcément aux couleurs vertes.
Quand le talent du nouveau président est à ce point l’expression de son art oratoire, d’un mélange à la fois de connaissance, de culture et d’humilité, ce qui serait la marque de fabrique du club, à en juger par l’étendue des qualités de son prédécesseur, on ne s’étonne pas que trente ans après sa création, le club respire la santé, qu’il n’a pas pris une ride. Il entame sous le férule de son nouveau président avec ferveur, enthousiasme et engagement une nouvelle étape pour une longue marche qui promet autant qu’elle promeut.
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 863 du 15 février au 1 er mars 2023